L’accord nucléaire avec l’Iran comporte-t-il des clauses secrètes qui permettraient un usage militaire ?

Accord Nucléaire Iran Clauses Secrètes Usage Militaire
 
David Albright, le président du think-tank pro-israélien ISIS (Institute for Science and International Security), affirme que l’accord nucléaire passé entre USA, France, Russie, Chine, UK, Allemagne et l’Iran comporte des clauses secrètes qui permettent une production de matière fissile suffisante pour un usage militaire du nucléaire iranien. La Maison Blanche dément.
 
C’est l’agence de presse britannique Reuters qui a diffusé l’information en premier. Selon un rapport publié par David Albright, le très pro-israélien fondateur de l’ISIS, l’Iran aurait été exempté de deux des obligations importantes contenues dans l’accord de limitation nucléaire passé avec les principales puissances internationales, et les USA auraient reçu sur ces points l’aval de leurs partenaires. Selon Albright, ces « exemptions ou échappatoires ont été négociées en secret, et elle favorisent l’Iran  (…) ce précédent est un mauvais signe, l’Iran peut s’en servir par la suite pour chercher à affaiblir l’accord ».
 

L’Iran applique-t-il l’accord nucléaire ?

 
Première de ces clauses secrètes, le stock d’uranium enrichi de l’Iran ne devant pas dépasser 300 kilos, l’Iran aurait été exempté de cette obligation. Le dépassement prendrait la forme de déchets nucléaires, mais ces déchets, selon Albright, peuvent être retraités pour être récupérés. Josh Earnest, le porte-parole de la Maison Blanche, a immédiatement démenti la chose : « L’Iran applique l’accord. Ce n’est pas mon opinion. Ce n’est pas de la rhétorique. C’est un fait vérifié par des experts internationaux qui peuvent faire les vérifications nécessaires grâce précisément à l’existence de cet accord ». Un haut fonctionnaire du Département d’Etat est formel : « L’Iran n’a jamais dépassé la limite de 300 kilos d’uranium enrichi ». Qui dit la vérité ? En tout cas, la « Republican Jewish Coalition » a son opinion sur la question : « Ce rapport confirme que le gouvernement d’Obama a considérablement trompé le peuple américain sur l’accord nucléaire ».
 

La deuxième des clauses secrètes et la production de plutonium

 
Deuxième des clauses secrètes invoquée par Albright, 19 des cellules chaudes utilisées par la filière nucléaire iranienne seraient de plus grandes dimensions que ne le spécifie l’accord, et cela avec l’aval des USA et de la communauté internationale. Qu’est-ce qu’une cellule chaude ? C’est une enceinte blindée et imperméable aux rayons, où l’on traite les matières et les objets radioactifs (celles d’Iter font, par exemple, 200.000 mètres cubes). Quelle conséquence pourrait avoir le fait que les 19 cellules en question soient plus grandes que prévu ? Selon Albright, il serait possible d’y produire du plutonium, qui est utilisé dans le nucléaire militaire pour la production de bombes. L’opinion d’Albright n’est pas négligeable puisqu’il est physicien, spécialiste de stocks de plutonium dans le monde et qu’il a travaillé en Irak voilà vingt ans comme inspecteur de l’Agence Internationale de l’Energie nucléaire. Mais ce n’en est pas moins un militant politique.
 

Peur de l’usage militaire du nucléaire et désinformation 

 
Ses affirmations doivent donc être vérifiées. Il est peu probable que le démenti des autorités américaines soit fantaisiste : d’abord à cause de l’accord donné aux clauses censément dérogatoires par leurs partenaires de la communauté internationale, qui n’ont pas les mêmes intérêts qu’elles. Ensuite par la présence des inspecteurs sur place, qui peuvent facilement confirmer ou infirmer le démenti. David Albright l’a si bien senti qu’il a, dans sa communication, décidé d’accuser Obama de dissimulation, une carte qui gagne toujours aux Etats-Unis depuis le Watergate. Il reproche d’abord aux clauses acceptées par les négociateurs d’être restées secrètes : « Toute argumentation qui se veut rationnelle pour tenir ces exemptions secrètes apparaît injustifiée ». On attendra donc d’avoir des preuves formelles des assertions d’Albright et de la portée des exemptions qu’il dénonce pour prendre au sérieux la menace qu’il décrit.
 

Pauline Mille