L’obstruction à l’adoption de la TPA tombe : Obama devrait avoir les mains libres pour faire aboutir les négociations de libre-échange du TPP et du Traité Transatlantique

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L’obstruction à l’adoption de la TPA (Trade Promotion Authority), outil de pouvoir pour Barack Obama et son successeur (jusqu’en 2018) pour négocier sans surveillance parlementaire d’importants accords de libre échange, a capoté. Elle semblait acquise mardi grâce à l’opposition des sénateurs démocrates à des accords internationaux discrètement négociés par le président américain, notamment le Partenariat Transpacifique (TPP), dont la gauche américaine craint les effets sur l’emploi aux Etats-Unis. Le lobbying intense d’Obama et des siens en est venu à bout : jeudi, le Sénat a proposé un texte qui lui permettra de mener rapidement à terme la conclusion de l’accord transpacifique. C’est une victoire pour la Maison Blanche : le texte a été adopté par 65 voix contre 33, soutenu par les Républicains libre-échangistes et acquis grâce au vote positif de certains démocrates.
 
Le vote portait sur l’ouverture des débats sur le TPA ; tous les votes négatifs émanaient du camp démocrate qui juge le TPP « désastreux » pour l’Amérique. Obama, qui ne se présente pas aux prochaines présidentielles, n’a que faire de l’hostilité de son camp. Sa politique en ce domaine n’a rien de national : elle s’inscrit clairement dans l’ordre du jour mondialiste qui transcende les étiquettes traditionnelles et vise des objectifs qui n’ont rien à voir avec les préoccupations des électeurs. N’allez donc pas croire que les socialistes sont par nature attachés aux valeurs nationales face aux conservateurs adeptes de l’ouverture inconsidérée des frontières : tout cela est fluctuant…
 

Trois quarts des Démocrates ont voté contre la TPA, adoptée après une obstruction vite oubliée

 
Pour Bernie Sanders, sénateur indépendant qui siège aux côtés des Démocrates et candidat aux primaires des Démocrates face à Hillary Clinton, le TPP risque d’avoir des conséquences plus dramatiques encore pour l’emploi aux Etats-Unis que l’accord de libre-échange nord-américain NAFTA conclu en 1994, en encourageant les multinationales et les grosses sociétés américaines à délocaliser vers les pays à bas salaires. D’autant qu’après le TPP, Obama veut conclure le Traité Transatlantique avec les pays européens qui, tout autant que les Etats-Unis, peuvent en redouter les conséquences néfastes.
 
Le texte voté jeudi prévoit le déblocage de fonds pour venir en aide aux travailleurs américains dont les emplois seraient effectivement atteints par la mise en œuvre du TPP, et impose des contrôles en matière de droits de l’homme, avec des obligations accrues pour les sociétés détenues par l’Etat. On connaît des systèmes similaires dans l’Union européenne où des fonds de Bruxelles viennent modestement assister quelques-unes des victimes de la mondialisation : à fonds perdus ?
 

Pour Obama, c’est la priorité du moment : avoir les mains libres pour les négociations de libre-échange du TPP et du Traité Transatlantique

 
Ces modifications sont le fruit d’intenses négociations menées par l’Administration avec les Démocrates qui se sont laissé convaincre. Poudre aux yeux ?
 
Adopté par le Sénat des Etats-Unis, le blanc-seing à Obama accordé par les Républicains sera soumis à la Chambre des représentants qui – nouvelle providence pour le président démocrate – possède également une majorité républicaine.
 
On s’oriente donc vers la conclusion du TPP qui implique 12 Etats de la région Asie-Pacifique (Australie, Brunei, Canada, Chili, Etats-Unis, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour et Vietnam). Il n’est pas sans répercussions sur d’autres pays du globe, puisque les échanges, et leurs conditions, avec des pays dont plusieurs affichent de très faibles coûts de main-d’œuvre, joueront sur l’ensemble des échanges commerciaux américains. Il est significatif qu’Obama ait fait de cette mesure impopulaire une priorité pour ses derniers mois à la Maison Blanche : comme s’il fallait que tout soit bouclé avant son départ, avec l’assurance pour les Républicains de pouvoir désigner leur adversaire comme responsable des éventuelles retombées négatives s’ils devaient revenir aux affaires en 2016.
 
Aujourd’hui, le président républicain de la Chambre assure que « plus de commerce égale plus d’emplois pour les Américains ». Oui, quand une certaine égalité équilibre les échanges… Mais la seule égalité possible implique ici un nivellement pas le bas, comme le démontre l’exemple in vivo de l’ouverture européenne, au détriment des « riches » comme des « pauvres ».
 

Anne Dolhein