L’aéroport de Toulouse-Blagnac en vente aux Chinois ?

Aeroport Toulouse-Blagnac vente Chinois
 
Toulouse-Blagnac, le sixième aéroport français, doit être privatisé afin de préserver son avenir. L’Etat a en effet mis en vente la participation de 49,9% qu’il détient dans le capital de l’aéroport, avec une option portant sur 10% supplémentaires. Au 31 octobre, trois candidats à sa reprise avaient déposé leur dossier : le groupe Aéroports de Paris, Vinci, qui a racheté l’année dernière certains aéroports portugais, et un consortium sino-canadien, comprenant notamment un spécialiste canadien dans l’ingénierie et la construction, SNC-Lavalin, qui gère déjà seize « petits » aéroports français. Avoisinant les 300 millions d’euros, l’offre de ce dernier serait supérieure à celle de ses deux concurrents, et certains craignent que l’aéroport de Toulouse-Blagnac chute dans l’escarcelle des Chinois, qui constituent la colonne névralgique du groupe.
 

Vente d’Airbus aux Chinois à la clef

 
Une raison qui a d’ailleurs poussé d’autres repreneurs éventuels à jeter l’éponge, inquiets qu’ils étaient de voir les Chinois jouer la surenchère. D’autant que le canadien fait figure, semble-t-il, de simple partenaire technique. Les Chinois sont représentés par l’aéroport de Shenzhen (qui voit passer 32 millions de passagers par an), le groupe Shandong Hi Speed (qui possède l’aéroport de Jinan, avec 8,1 millions de passagers annuels), et FPI, actionnaire de référence de la China Aircraft Leasing Company, un loueur d’avions qui détient déjà 29,9% du marché chinois de la location, et qui a ici le vent particulièrement en poupe puisqu’il vient d’annoncer un accord de plus de dix milliards de dollars pour l’achat d’une centaine d’Airbus.
Ces motifs sonnants et trébuchants ont d’autant plus d’impact que le prix est le principal critère fixé par l’Etat dans son cahier des charges. Avec cependant une petite difficulté côté chinois : deux des plus grosses compagnies chinoises, China Eastern et China Southern, partenaires d’Air France, disposent déjà d’une desserte importante sur Roissy, et rien ne prouve qu’elles seraient disposées à ouvrir un marché spécifique sur Toulouse.
 

Les collectivités locales tiennent à l’aéroport de Toulouse Blagnac

 
Quoi qu’il en soit, les collectivités locales concernées ont demandé un report de l’attribution de l’aéroport à l’un des trois groupes, afin de leur permettre d’étudier les dossiers des trois prétendants dont elles viennent seulement de prendre connaissance, affirme Jean-Louis Chauzy, président du conseil économique social et environnemental régional (CESER). Surtout, il dénonce le projet SNC-Lavalin, qui n’est, explique-t-il, que « le faux-nez des Chinois ». Or le CESER peine à admettre qu’un groupe chinois devienne propriétaire d’un aéroport aussi « stratégique et rentable que celui de Toulouse-Blagnac », qui génère effectivement 8 à 10 millions de bénéfices par an.
 
« Il y a quelques années, Aéroports de Paris et Vinci étaient entrés au capital de l’aéroport de Pékin. Il serait aujourd’hui curieux que la France refuse ce que la Chine a accepté », répondent les Chinois.
 
Le débat, on le voit, risque d’être animé…