Pour l’AfD, l’islam est incompatible avec la Constitution allemande

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Beatrix von Storch, membre du parti Alternative pour l’Allemagne (AfD).

 
Depuis sa percée aux élections législatives le mois dernier, le parti allemand Alternative für Deutschland (AfD) ne cesse de faire parler de lui. Dimanche, c’est Beatrix von Storch, l’une de ses responsables, qui a mis le feu aux poudres en déclarant que l’islam était incompatible avec la Constitution allemande.
 
« L’islam est en soi une idéologie politique qui n’est pas compatible avec la loi fondamentale. » Le propos de Beatrix von Storch, publié dans les colonnes du Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung, a au moins le mérite de la clarté.
 
De son côté, Alexander Gauland, également membre de l’AfD, a déclaré que l’islam était un « corps étranger ». « Il n’y a pas d’islam démocratique, y compris en Allemagne », a-t-il ajouté.
 

L’islam incompatible avec la Constitution allemande

 
A quinze jours de la tenue du congrès programmatique de l’AfD, ces déclarations donnent un avant-goût du combat politique que mènera l’AfD si les électeurs continuent de lui faire confiance.
 
Aussi le Conseil des musulmans d’Allemagne a-t-il réagi en comparant la ligne de l’AfD avec l’antisémitisme du Troisième Reich. C’est « la première fois depuis l’Allemagne d’Hitler qu’il y a un parti qui de nouveau discrédite une communauté religieuse dans son ensemble et la menace dans son existence », a déclaré son président, Aiman Mazyek, qui a retourné sa critique à l’AfD en l’accusant de n’être « pas conforme à la Loi fondamentale ».
 
Lundi, Angela Merkel, qui, à plusieurs reprises a déclaré que l’islam appartenait à l’Allemagne, a tenu à réagir, elle aussi, à de telles affirmations, en déclarant que la liberté de la pratique religieuse est garantie par la Constitution, ce qui est également valable pour les musulmans du pays.
 
« La pratique a montré que la grande majorité des musulmans exerce sa religion dans le cadre de la Constitution », a insisté le chancelier lors d’une conférence de presse qu’elle tenait aux côtés du président indonésien Joko Widodo, en visite à Berlin.
 
Dans un communiqué signé par le secrétaire général du Conseil de l’Europe, Thorbjørn Jagland, l’institution européenne estime, elle aussi, que les déclarations de l’AfD sont « contraires aux valeurs européennes, valeurs que l’Allemagne, en tant que membre fondateur du Conseil de l’Europe, a toujours soutenues avec force ».
 
Et le texte ajoute : « S’il est juste et nécessaire d’avoir un débat sur des questions importantes comme l’intégration et l’éducation, dépeindre l’islam comme une menace pour notre société n’est pas bon et blesse des millions d’Européens musulmans. »
 

L’AfD entend défendre l’Allemagne contre des pratiques exogènes

 
Il paraît cependant clair que ce que visaient ces déclarations de responsables de l’AfD, ce n’était pas tant la liberté de croire et de pratiquer une religion, mais le fait que l’islam – et l’actualité en multiplie les exemples – est opposé à cette liberté pour les autres.
 
Or, avant la crise migratoire, l’Allemagne comptait déjà quelque quatre millions de musulmans, majoritairement d’origine turque. Et l’an dernier, le pays a accueilli plus d’un million de migrants, qui, en majorité, sont de confession musulmane.
 
On comprend que l’AfD s’inquiète des conséquences possibles, voire probables, de cette situation. D’une part, parce que nous en avons déjà eu des avant-goûts, au Liban en particulier ; d’autre part, parce que la distinction entre deux islams que les bonnes consciences mettent en avant pour critiquer ces déclarations fortes n’est valable que dans les pays où l’islam est minoritaire et faible. Là où il est majoritaire, et a fortiori dans les pays musulmans, il en va tout autrement. Nos bonnes consciences s’intéressent-elles parfois à l’actualité ?
 

François le Luc