Le billet
Schizophrénie chez les porcs : de Weinstein à l’affaire du bisou en Tunisie

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Les débordements d’un producteur de gauche, Weinstein, avec des starlettes avides de faire carrière, ont provoqué une campagne mondiale contre les mâles blancs assimilés à des porcs. L’affaire dite du bisou mobilise en Tunisie les défenseurs des droits de l’homme en faveur de la libre copulation dans la rue : la révolution est en pleine schizophrénie.
 
Inutile de revenir sur l’affaire Weinstein, chaque jour apporte, en contrepoint des accusations tardives des victimes, son lot de photos où ces mêmes femmes posaient complaisamment auprès du porc prédateur du temps qu’elles étaient ses complices ou mieux ses initiatrices. Ce déballage est la manifestation non seulement d’un système de prostitution généralement répandu dans le show-biz, mais aussi d’un climat provoqué de frénésie sexuelle, d’un pansexualisme que la révolution a rendu maître de l’espace public.
 
Petit à petit, toutes les libertés se trouvant réduites, la seule variable d’ajustement laissée à l’homme avide de prendre ses aises fut le sexe, la licence absolue et pour ainsi dire forcée est devenue la seule liberté résiduelle. On en voit les effets dans l’affaire dite du bisou en Tunisie.
 

Weinstein distancé

 
Un Français trentenaire, Nessim Ouadi, et une Tunisienne quadragénaire, ont été condamnés, lui à quatre mois de prison pour outrage à fonctionnaire et atteinte à la pudeur, elle à deux mois sous le dernier chef d’inculpation. Ils avaient été interpellés dans leur voiture sur la voie publique par des policiers à la sortie d’une boîte de nuit. Ils prétendent ne même pas s’être embrassés, les policiers affirment qu’ils étaient nus en train de copuler. La presse et les médias ont pris le parti du couple en nommant cela « l’affaire du bisou », la justice a cru les policiers. Le porte-parole du parquet, Sofiène Sliti, relève que « ce qui a été véhiculé au niveau national et international est faux, ils n’ont pas été arrêtés pour un baiser, le couple était nu ».
 

Régression en Tunisie et schizophrénie chez les porcs

 
Manifestement, cette affaire est instrumentalisée par la révolution progressiste désireuse de pourchasser toutes les « régressions » possibles et imaginables. « Beaucoup » estiment que le jugement manifeste une « remise en cause des avancées sociétales » en Tunisie. Et de reprendre les plaintes du couple qui assure avoir été extrait de la voiture « sans ménagement », et accuse la police d’avoir eu un comportement « agressif », que l’homme a tenté de filmer avec son portable. Avocats et penseurs ont entrepris de lister les « innombrables manquements » à la procédure pénale. On met ainsi habilement dans le même sac la « toute puissance policière » peu soucieuse des droits humains et la pruderie présumée d’une société qui refuse la licence progressiste. Cerise sur le gâteau, le Français, d’origine algérienne, ne parle pas l’arabe, ce qui n’a pas amélioré la communication avec les policiers qui auraient « bafoué ses droits fondamentaux ».
 

Du droit des porcs à disposer d’eux–mêmes : l’affaire du bisou

 
Le droit des porcs à disposer d’eux-mêmes est décidément une discipline juridique complexe. Contre le mâle blanc symbolisé par Weinstein, on défend le droit des féministes à dénoncer tout comportement qu’elles estiment déviant. Contre l’obscurantisme réactionnaire incarné par la police de Tunisie, on met en scène le droit des progressistes à baiser dans la rue. Pour l’ancienne députée à la constituante Nadia Chaabane, « cette affaire concentre un peu tous les problèmes de la justice et de la police ». Une pétition a été lancée pour réclamer la libération du jeune Français, qui a déjà récolté 49.000 signatures en ligne. De nombreux intellectuels et personnalités ont proposé un « festival de bisous » sur les réseaux sociaux. Le député indépendant tunisien Raouf el May a posté sur Facebook une photo de lui embrassant sa concubine. La campagne de Tunisie ressemble à la campagne balance-ton-porc à l’occasion des vilenies de Weinstein : la réalité des faits lui est indifférente, seule compte la révolution progressiste. De même que la question Weinstein n’est nullement le harcèlement des mâles mais la prostitution dans le show-biz, de même l’affaire du bisou de Tunisie ne tourne-t-elle pas autour du droit de s’embrasser, mais sur le fait de s’accoupler sur la voie publique.
 

Pauline Mille