L’Allemagne compte désormais quelque 450 islamistes hautement dangereux, dans un contexte de surveillance défaillante

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Selon le quotidien Die Welt, l’islamisme radical est à la hausse en Allemagne où les agences de sécurité fédérales ont identifié quelque 450 individus « hautement dangereux », circulant librement et susceptibles de commettre des « délits significatifs ». La capacité de surveillance de l’Allemagne est défaillante, selon le journal, ce qui aboutit à ce paradoxe : d’un côté, les pouvoirs publics auraient donc identifié très précisément 447 personnes, de l’autre, ils ne sont pas capables de les empêcher de passer à l’acte.
 
La « scène radicale » est en « croissance rapide » en Allemagne, selon Die Welt : aux 447 islamistes hautement dangereux – contre 120 il y a deux ans –, s’ajoutent quelque 1.100 terroristes potentiels, sans compter 7.000 musulmans salafistes radicaux répertoriés… et des centaines d’individus de retour de Syrie où ils ont acquis l’expérience du combat.
 

Face à des milliers d’islamistes, la surveillance est défaillante en Allemagne

 
Les individus hautement dangereux se concentrent selon ce que croit savoir le journal dans des régions bien déterminées : il y en a peu ou pas du tout en Thuringe ou en Saxe-Anhalt, 160 en Rhénanie du Nord-Westphalie. C’est le Länd où se situe Cologne – et où se sont déroulées les agressions sexuelles massives du Nouvel An.
 
 La difficulté de pister et de surveiller le demi-millier d’islamistes les plus dangereux – et prosélytes – est due notamment à des moyens insuffisants. Ils sont suivis par les agences fédérales de sécurité, ce qui permet de les localiser de manière régulière, mais il n’y a pas suffisamment d’agents pour les suivre en permanence. Il faudrait 20 à 30 agents bien entraînés par « cible » pour assurer une surveillance 24 heures sur 24 : c’est toute la force de la guerre de guérilla ! « Pour être réaliste, on ne peut surveiller qu’une poignée de personnes à toute heure du jour et de la nuit », reconnaît la police.
 
De fait, si les moyens de « flicage » moderne sont multiples par le biais des données informatiques et de vidéosurveillance, ils ne peuvent prétendre à l’exhaustivité, surtout face à des individus qui ont pour objectif de passer inaperçus.
 

450 islamistes « hautement dangereux », et qu’on ne peut suivre à la trace

 
A ce manque de moyens et d’hommes s’ajoutent des difficultés plus spécifiques : ainsi Die Welt rapporte qu’un agent secret, une femme « athlétique et blonde » souligne l’impossibilité à infiltrer les milieux où nombre de ces islamistes travaillent et évoluent. « Il y a des zones où tout le monde connaît tout le monde. Les étrangers sont tout de suite repérés. » Et ces « étrangers » sont précisément… les Allemands. Quant aux islamistes les plus dangereux, ils ont souvent grandi dans des pays où « la surveillance étatique est massive », ce qui leur permet aussi de flairer les agents qui savent mieux se couler dans les milieux islamiques : ils les repèrent de loin.
 
Ce sont aujourd’hui les forces policières et de sécurité qui établissent une sorte de hiérarchie des suspects, choisissant ceux qui leur semblent les plus dangereux. Les divers attentats islamistes perpétrés en France depuis l’affaire Charlie ont montré les faiblesses du système : nombre de terroristes étaient passés entre les mains de la police, ou avaient été surveillés, mais échappaient au contrôle rapproché faute d’être considérés comme très dangereux.
 
Il ne semble pas y avoir de solution concrète : même le bouclage de Bruxelles en novembre après les attentats de Paris n’a pas permis de retrouver Salah Abdeslam…
 

Anne Dolhein