L’Allemagne a déclenché une « avalanche » de migrants – jusqu’à 10 millions – selon des alliés de Merkel

Allemagne avalanche migrants 10 millions
Angela Merkel à Berlin, le 13 juillet 2015.

 
Les relations au sein de la coalition qui s’est construite autour d’Angela Merkel ne sont sûrement pas au beau fixe. Ces derniers jours, plusieurs alliés du chancelier ont fait des déclarations affolées devant la poursuite de l’afflux des « réfugiés ». Pour Wolfgang Schäuble, ministre chrétien-démocrate des Finances, c’est une « avalanche » qui a été déclenchée par l’Allemagne, ainsi qu’il l’a déclaré mercredi soir à la presse. Quant à Heinz Buschkowsky, membre du parti social-démocrate (SDP), qui appartient également à la coalition qui soutient Merkel, il vient de rendre publics ses calculs sur les nouveaux arrivages de migrants à prévoir d’ici à 2020 en Allemagne et en Europe : il assure que son estimation de « 10 millions » est « assez prudente et pas inattendue ».
 
Alors que le ressentiment d’un grand nombre d’Allemands prend de l’ampleur, les avertissements des « coalisés » et le vocabulaire qu’ils choisissent indique sans doute une volonté de se distancier d’Angela Merkel, perçue comme responsable d’avoir donné le signal aux centaines de milliers de migrants qui ont pris le chemin de l’Europe qu’ils y seraient bien accueillis.
 

10 millions, après le regroupement familial ? C’est Merkel qui a déclenché l’avalanche

 
L’estimation de 10 millions de nouveaux migrants qui arriveront en quelque cinq ans sur le continent européen tient compte notamment du regroupement familial. Qui dit regroupement familial parle d’installation dans la durée, comme l’Europe l’a déjà appris au cours de ces dernières cinquante années…
 
Heinz Buschkowsky, spécialiste de l’immigration de masse – et au contact du phénomène, puisqu’il a été maire du district de Neukölln à Berlin où vit une importante population immigrée – estime que ces afflux n’ira pas sans problèmes. Il a évoqué « l’absence de compréhension » de ces populations à l’égard de « l’égalité de genre » et de la « séparation de l’Eglise et de l’Etat », ainsi que les difficultés liées à la langue et au dérèglement du marché du travail.
 
« La situation est irréversible. La société est mise au défi d’intégrer les gens qui sont là aujourd’hui, et de leur offrir une perspective de vie », a-t-il déclaré, non sans dénoncer ceux qui font semblant que tout va bien : « Ce romantisme social, ces beaux discours sont très difficilement supportables lorsqu’on a l’expérience de ces choses. »
 

L’Allemagne incapable de dénombrer les migrants déjà présents sur son sol

 
Wolfgang Schäuble n’a quant à lui pas nommé Angela Merkel mais en parlant du fait déclencheur de l’immigration de masse qui déferle aujourd’hui sur l’Allemagne il n’a guère laissé de doute quant à sa cible. « Les avalanches peuvent être déclenchées lorsqu’un skieur un peu irréfléchi va sur la pente et fait bouger un peu de neige », a-t-il dit. Il était jusque-là favorable à l’immigration de masse et comme une belle part de la classe politique allemande, il l’a soutenue.
 
L’Allemagne, si rigoureuse, n’a pas tenu les comptes. On sait depuis mardi que le nombre de demandeurs d’asile initiaux n’a pas été relevé, pas plus que le nombre de migrants qui ont été répartis dans les différents Länder. On ne sait pas s’ils y sont restés, ou s’ils ont rejoint d’autres lieux, en Allemagne ou en Europe.
 
Les dernières estimations – elles datent d’un mois – parlent de 1,5 millions d’arrivées en cette année 2015, sans que l’on puisse avoir de certitude dans un sens ou dans l’autre.
 
Si c’est le cas, si le flux de réfugiés doit se poursuivre l’an prochain depuis le Proche Orient et l’Afrique subsaharienne, les estimations du regroupement familial de Busckowsky pourraient être bien en deçà de la réalité.
 

Anne Dolhein