Un ancien responsable de l’ONU : face à la crise démographique de l’Allemagne et de l’Europe, l’immigration n’est pas la solution

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Un site professionnel spécialisé dans l’investissement et l’assurance relatifs à la retraite – le propriétaire en est le groupe Allianz – a mis en ligne un commentaire d’un démographe de haut niveau, Gerhard K. Heilig, ancien chef de la section « Estimations et projections sur la population » de la Division de la population des Nations unies. Autrement dit, une voix « autorisée » et non quelque Cassandre marginalisée. Heilig, aujourd’hui à la retraite, lance un cri d’alarme : l’Allemagne et l’Europe ne remplacent pas leurs générations, et il ne faut pas rêver. L’immigration ne pourra jamais compenser le manque de jeunes. La seule solution face à cette crise démographique profonde, c’est que les Allemands et les Européens aient davantage d’enfants.
 
Et il ajoute que « l’allongement de l’espérance de vie n’est qu’un facteur aggravant du vieillissement de la population » : autrement dit, le fait que les gens vivent bien plus longtemps qu’autrefois n’est pas l’élément déterminant du problème.
 

Après des années de mise en garde contre la “bombe démographique”…

 
Cette lucidité, il fallait certainement l’avoir avant. On se souviendra des années 1970 où le discours dominant, alimenté par les prédictions alarmistes d’un Paul Ehrlich, annonçait que le monde allait mourir de faim à brève échéance si la population n’était pas maîtrisée. Et à l’ensemble de facteurs qui ont conduit les Européens – notamment – à refuser massivement de donner la vie, s’ajoutait alors l’idée qu’il était « asocial » d’en avoir beaucoup.
 
La crise démographique allemande et européenne est mathématique, si l’on peut dire : inscrite dans quelques chiffres choc que Gerhard Heilig rappelle. En Allemagne, en Italie et en Espagne, on assiste à une perte de population de 30 à 40% d’une génération à l’autre. L’Allemagne affiche un taux de fertilité de 1,36 enfant par femme en âge de procréer ; la Slovaquie a le taux le plus bas, d’Europe, à 1,31 enfant par femme. Il faut sous nos latitudes 2,1 enfants par femme pour assurer le simple remplacement des générations.
 
Le « déclin substantiel » de la population qui en résultera « ne peut être compensé par l’immigration », ajoute Heilig. « Evidemment, on a le droit d’avoir autant – ou aussi peu – d’enfants qu’on le désire. Ce choix individuel, qui est un droit humain fondamental, ne doit pas être contredit. » (Sauf en Chine, peut-être, ou en Inde, ou dans un de ces nombreux pays où l’ONU finance et promeut les programmes de contrôle de la population ?)
 

Allemagne, Europe : des taux de fertilité non viables

 
« Mais il existe également une dynamique fondamentale de la fertilité qui est liée à la viabilité sur le long terme d’une société, d’une économie et d’une culture. Pour parler clairement : les taux de fertilité de l’Europe – et particulièrement ceux de l’Allemagne – ne sont pas “durables”. Il est temps de faire face à ce problème fondamental et de rechercher sérieusement des moyens d’encourager les gens à avoir des enfants », affirme l’ancien responsable onusien.
 
Assurant qu’il n’a rien contre l’immigration et qu’il apprécie, même, la « société multiculturelle », Heilig avertit cependant que la solution avancée par la plupart des responsables politiques allemands n’en est pas une. « Les taux de fertilité sont tellement bas qu’il faut accepter cette désagréable vérité : il est mathématiquement impossible que l’immigration puisse compense le manque d’enfants. »
 
« Il faudrait un flot massif continu d’entrées chaque année en Europe – et pas seulement des dizaines de milliers. Par exemple, en Allemagne, il faudrait un total net de quelque 261 millions d’immigrés sur les 90 prochaines années pour simplement stabiliser la proportion actuelle de personnes âgées dépendantes – un indicateur important du vieillissement de la population. Au taux de fertilité actuel, la population allemande actuelle devrait atteindre les 490 millions de personnes par l’immigration afin d’empêcher un vieillissement supplémentaire ! » Cette solution serait « absurde », assure Gerhard Heilig.
 

L’immigration ne compensera pas la crise démographique

 
Même si les Allemands en étaient d’accord, il faudrait encore que l’Allemagne parvienne à attirer autant de monde – quant à espérer que de tels nombres de jeunes éduqués et qualifiés se tournent vers elle, c’est inenvisageable. Attirer des Africains et des Asiatiques depuis des zones aujourd’hui pauvres et surpeuplées ? « Ce n’est probablement pas ce qu’attendent les partisans de la politique d’immigration ouverte », dit-il.
 

Un ancien de l’ONU s’inquiète pour la survie de l’Europe

 
Quels que soient les avantages de l’immigration, « elle n’est pas la solution au défaut de fertilité et au dilemme du vieillissement de la population. Si une population, pendant des générations, ne se remplace pas elle-même largement par ses enfants, il y a quelque chose qui, fondamentalement, ne va pas dans son système social, culturel, voir économique. Le taux de fertilité extrêmement bas est au cœur d’un grand nombre des problèmes économiques et sociaux de l’Europe, et il est grand temps que nous nous confrontions au problème plutôt que de détourner l’attention vers des questions secondaires comme l’immigration », conclut Gerhard Heilig.
 
Le problème européen, c’est celui de la démographie. Traduisez : celui de la culture de mort. Si même un ancien de l’ONU en vient à le reconnaître…