Allemagne : le CSU veut obliger les immigrés à abandonner leur langue d’origine

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La hausse de l’immigration en Allemagne – et le rejet de plus en plus net de la société multiculturelle de la part des citoyens ordinaires – explique la mise en place de propositions plus « dures » visant à obtenir une meilleure « intégration » des immigrés. C’est la CSU (Union sociale chrétienne), que nul ne songerait à taxer d’extrémisme, membre de la coalition de gouvernement d’Angela Merkel, qui vient de proposer une mesure radicale pour l’Allemagne : « Ceux qui désirent rester ici de manière permanente devraient se voir obligés de parler allemand en public et au sein de la famille. »
 
La CSU estime que « l’interaction sociale ne fonctionne que lorsque tous parlent la même langue » : tout nouvel arrivant en Allemagne se verra offrir des cours d’allemand, propose un projet de programme du parti, publié lundi.
 

Contrôler les immigrés chez eux ? Divergence CDU/CSU

 
Question : comment une telle règle pourrait-elle être appliquée sans contrôles – de nature totalitaire – au sein des foyers des familles immigrées ?
 
Il n’appartient certainement pas à l’Etat de déterminer la manière dont on parle avec ses propres enfants ; au sein de l’Allemagne fédérale, il s’agirait en outre d’un jacobinisme d’une particulière violence qui fait penser à l’éradication du Breton en France à une autre époque.
 
Pour Wolfgang Bosbach, membre de la CDU – le parti d’Angela Merkel – la proposition mérite d’être retenue dans la mesure où les « compétences de langue sont d’une importance capitale pour assurer de bonnes occasions d’intégration ». « Il est donc important de parler allemand aussi avec les enfants, à la maison », a-t-il déclaré à la Bayerische Rundfunk. D’autres responsables du CDU se sont montrés moins enthousiastes, soulignant comme Peter Tauber, son secrétaire général, que « cela ne regarde pas les hommes politiques que je m’exprime en latin, en Klingon ou en dialecte de Hesse chez moi ».
 

Langue d’origine et assimilation en Allemagne

 
Le relent totalitaire de la proposition ne fait pas oublier la réalité de la situation allemande qui est devenue la deuxième destination la plus populaire pour les candidats à l’immigration, après les Etats-Unis, et qui connaît une augmentation rapide de sa population immigrée : + 13% en 2013. Les nouveaux arrivants sont désormais le plus souvent originaires d’Europe de l’Est, après la vague turque des années précédentes.
 
Mais cela est dû notamment à la spectaculaire et suicidaire baisse de la natalité autochtone qui condamne l’Allemagne à l’hiver démographique déjà difficile à compenser par les nouveaux arrivants.
 
Faut-il les intégrer de force – et comment ? – ou les assimiler ? Cela passe assurément par la culture, une langue et sans aucun doute une religion partagées. Cette assimilation-là ne pâtirait sans doute pas du fait que les immigrés conservent et transmettent leur langue naturellement aussi longtemps que cela durera, sans les pousser à la conserver par ressentiment.