L’Allemagne veut réhabiliter les homosexuels condamnés après guerre

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Le dernier survivant connu de la déportation pour motif d’homosexualité, Rudolf Brazda, décédé en 2011.

 
L’Allemagne va réhabiliter et indemniser 50.000 hommes condamnés pour homosexualité sur la base d’un texte nazi resté en vigueur longtemps après la guerre. Cette annonce, faite mercredi par le ministre de la Justice Heiko Maas, vient perturber un peu plus la vision de la politique actuelle de Berlin, dont un certain nombre d’analystes estime qu’elle devient illisible.
 
« Nous ne pourrons jamais supprimer les abjections commises au nom de l’Etat de droit, mais nous voulons réhabiliter les victimes », a déclaré, dans un communiqué, ce ministre allemand de la famille social-démocrate, sans pour autant donner d’échéance.
 

Berlin veut réhabiliter les homosexuels condamnés après guerre

 
L’ancien article 175 du Code pénal allemand, adopté en 1871, et qui condamnait les actes sexuels contre nature entre personnes de sexe masculin – l’homosexualité féminine n’ayant jamais été criminalisée – ou entre hommes et animaux, avait été renforcé par décision du IIIe Reich, portant désormais la peine envisagée jusqu’à dix ans de travaux forcés.
 
Plus de 42.000 hommes ont ainsi été condamnés pour cette raison sous le IIIe Reich, et envoyés en prison ou en camp de concentration. Tous ceux-ci ont été réhabilités par une loi de 2002, qui annulait également les condamnations infligées aux déserteurs de la Wehrmacht.
 
Mais l’article 175 a été maintenu en l’état après-guerre, jusqu’en 1969, année où il est revenu à son texte antérieur, avant d’être définitivement abrogé en 1994. De ce fait, 50.000 nouvelles condamnations ont été prononcées au titre de l’homosexualité au cours de cette période, soit plus que durant le IIIe Reich…
 

L’Allemagne de l’Est avait supprimé la législation nazie dès la fin de la guerre

 
L’affaire frappe d’autant plus les esprits, ici et là, que l’Allemagne de l’Est, elle, avait rétabli l’ancienne version de l’article 175 dès la fin de la guerre, avant de le supprimer en 1968.
 
La chose se comprend aisément puisque, comme l’explique le Docteur roumain Anca Maria Cernea, qui fut auditrice lors du synode de la famille à Rome, les soviétiques ont, très tôt, attaqué la morale classique. Le divorce sans faute a été instauré en URSS dès 1918, l’avortement dépénalisé dès 1920, et l’homosexualité deux ans plus tard en 1922. Là encore, le communisme était en pointe du « progrès », et bien en « avance » sur le reste du monde qui semble n’avoir fait que les suivre…
 
En attendant, aujourd’hui, l’Allemagne semble vouloir rattraper son « retard ». A défaut d’encore accorder aux homosexuels l’égalité des droits, elle réhabilite les « victimes du passé », selon l’expression du député Vert Volker Beck, qui soulignait ainsi le retard législatif de son pays où le « mariage » gay n’est toujours pas autorisé.
 

François le Luc