L’alliance entre l’UKIP et le parti conservateur pourrait anéantir les travaillistes une fois pour toutes

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Jane Merrick, journaliste et éditorialiste, signe dans le Telegraph de Londres un commentaire de bon sens sur l’actualité politique au Royaume-Uni – et qui n’est pas sans résonner par rapport à la vie politique en France ces dernières décennies. « Si les Tories et l’UKIP étaient intelligents, ils pourraient écarter le Labour du pouvoir pour de bon », écrit-elle. De fait, alors que sous Jeremy Corbyn, les travaillistes britanniques se trouvent dans une spirale du déclin, les élections partielles à venir pourraient servir d’occasion au parti conservateur et aux souverainistes du parti de l’indépendance britannique de s’entendre pour anéantir les chances de la gauche, une fois pour toutes.
 
Dans les deux circonscriptions concernées, Stoke-on-Trent Central et Copeland, les dernières élections avaient abouti à la victoire du Labour, suivi de près par les conservateurs et l’UKIP qui ensemble, auraient très facilement dépassé les socialistes. Une entente – certes peu aisée à mettre en place de manière formelle, reconnaît la journaliste – signerait la défaite certaine des travaillistes, alors que la droite antieuropéenne a le vent en poupe depuis le Brexit.
 

Pour anéantir les travaillistes au Royaume-Uni, faire l’alliance de la droite

 
C’est le cas à Stoke-on-Trent, où le référendum a mobilisé plus de 67 % des électeurs, parmi lesquels quelque 70 % ont voté pour la sortie de l’Union européenne. Terre historiquement acquise au travaillisme, cette grosse ville industrielle de la région de Manchester est devenue ainsi le symbole de la vulnérabilité du parti dont les membres eux-mêmes fuient les nouvelles orientations : les élus de Stoke et de Copeland viennent ainsi de démissionner non seulement parce qu’on leur a proposé des emplois lucratifs dans le privé mais aussi  parce qu’ils n’envisagent pas un avenir politique sous la houlette du gauchiste radical Corbyn. S’il faut en croire Jane Merrick, ils ont préféré quitter le navire avant la débâcle attendue en 2020.
 
Il n’empêche que la division des forces conservatrices au sens large laisse de sérieux espoirs au Labour de remporter des victoires là où les Tories et l’UKIP ne s’entendraient pas.
 

L’alliance de l’UKIP et du parti conservateur, rêve ou exemple ?

 
Il en va de même en France depuis que le Front national obtient des scores honorables, voire aujourd’hui, dans certaines villes et certaines régions, importants, sans pouvoir prétendre réalistement à une majorité acquise seul. Cela fait plusieurs décennies que le total des scores de la droite dite classique, libérale ou parlementaire – appelons-la « convenable » au sens du politiquement correct – et du FN dépasse pourtant facilement les 50 %. L’absence, le refus, voire l’impossibilité d’alliances ont durablement assuré la victoire à la gauche, avec les dommages que cela a causé au pays.
 
Il ne s’agit pas d’être naïf : le FN et la droite convenable ont toujours eu des divergences de fond, aujourd’hui profondément accentuées par le virage à gauche, à la fois économique et sociétal, opéré par Marine Le Pen, même si leurs électorats respectifs ont sans aucun doute davantage de points communs. Mais la fracture qui les sépare est une aubaine pour la gauche qui a si longtemps tenu le pouvoir – avec quelques interruptions – sans être majoritaire dans le pays.
 

Anne Dolhein