Angela Merkel fait pression sur Vladimir Poutine

Angela Merkel fait pression sur Vladimir Poutine
 
Angela Merkel continue à mener le jeu européen. Jeudi, le chancelier allemand a ainsi fait pression sur Moscou, affirmant exclure tout allègement des représailles économiques contre la Russie avant de réelles avancées dans le conflit ukrainien. Sur Moscou, et surtout sur Vladimir Poutine. Le président russe doit en effet rencontrer son homologue ukrainien, Petro Porochenko, à la fin de la semaine prochaine, à Astana, capitale du Kazakhstan ; et ce en présence d’Angela Merkel et de François Hollande, qui pense, selon une réflexion plus floue, que les représailles pourraient être levées s’il y a des « progrès ».
 
« Je pense qu’avant de pouvoir décréter la levée des sanctions, nous devons nous assurer que les accords de Minsk ont été appliqués dans leur intégralité », a clairement déclaré Angela Merkel qui recevait le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk, en visite à Berlin. Ces accords, signés il y a près de quatre mois, prévoient que le cessez-le-feu doit s’accompagner du retrait des « groupes armés illégaux, des armes lourdes et de tous les combattants et mercenaires du territoire ukrainien ». Ce qui vise, bien évidemment, les soldats russes dont le ministre ukrainien de la Défense, Stepan Poltorak, estimait dans le même temps qu’ils étaient encore 7.500 dans le Donbass.
 
Arseni Iatseniouk a, bien évidemment acquiescé. D’autant, explique-t-il, que « les sanctions américaines et européennes ont grandement contribué à rendre la Russie plus souple ».
 

Angela Merkel, maître d’œuvre des relations européennes

 
Dans cette impasse, la rencontre du 15 janvier apparaît donc cruciale. Une date qui reste cependant à confirmer : cela dépend aussi de l’évolution des « discussions prévues dans les prochains jours », précise Angela Merkel.
 
A commencer par l’entretien téléphonique entre les ministres des Affaires étrangères des quatre pays qui devait se tenir aujourd’hui. « Les discussions se poursuivent aux niveaux politique et technique », confirme de son côté le chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, qui estime que, s’il y a « des signes limités mais positifs du côté russe ces dernières semaines, (…) nous sommes loin » cependant de l’application pleine et entière des accords de Minsk.
 
Le président de la Commission européenne a renforcé ce soutien européen à l’Ukraine, en affirmant : « L’Ukraine n’est pas seule. L’Europe se tient unie aux côtés de l’Ukraine et soutient le programme de réforme de son nouveau gouvernement. » Un programme qui doit toutefois être avalisé par l’équipe du FMI, arrivée jeudi à Kiev pour une mission d’évaluation. Celle elle qui déterminera dans quelle mesure les aides prévues seront effectivement versées.
 
Les propos d’Angela Merkel sont importants car elle est sans doute le politique européen le plus écouté par Vladimir Poutine. Elle déclarait en outre le mois dernier avoir l’espoir d’entretenir « un bon partenariat avec la Russie ».
 

La pression sur Vladimir Poutine perd de sa force

 
Cela dit, le temps joue pour le chef du Kremlin. En effet, les sanctions contre la Russie ont été prises en mars 2014 pour un an, et rien ne permet d’affirmer que Bruxelles trouverait de nouveau auprès des Etats-membres l’unanimité nécessaire pour les prolonger. En outre, et cela est important, Federica Mogherini pense qu’il est urgent de reprendre le dialogue avec Moscou qui a, sur d’autres dossiers importants tels l’Iran ou la Syrie, des analyses désormais assez proches de celle de Bruxelles.
 
Enfin, et peut-être surtout, le président ukrainien, malgré ses prises de position politiques, a manifesté qu’il ne saurait en aucun cas rompre ses relations avec la Russie. Du fait de leur proximité, bien sûr. Mais aussi compte tenu d’une économie désormais tout à fait exsangue…