Nouvel appel des chrétiens d’Orient face à « l’œcuménisme du sang »

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Rencontre entre les patriarches d’Antioche, orthodoxes et catholiques, synodes des églises maronite et grecque melkite, le mois de juin a vu les chrétiens d’Orient lancer un nouvel appel à l’aide pour le maintien tant des chrétiens dans leur pays que pour le maintien d’un équilibre local que les manœuvres diplomatiques, notamment occidentales, menacent de mettre à mal.
 
Début juin, à Damas, les cinq patriarches d’Antioche – le cardinal Boutros Bechara Rai, patriarche d’Antioche des Maronites, Grégoire III Laham, patriarche d’Antioche des grecs melkites, Ignace Youssef III Younan, patriarche d’Antioche des syro-catholiques, le patriarche grec orthodoxe Yohanna X, et le patriarche syro-orthodoxe Ephrem II – ont lancé un vibrant appel contre la désagrégation de leur région, et notamment de la Syrie, en évoquant le droit de ses habitants à « déterminer librement leur avenir, en dehors de toute ingérence étrangère ». Un appel à une plus grande liberté pour faire face à ce que le patriarche Grégoire III appelle « l’œcuménisme du sang ».
 

Nouvel appel des chrétiens d’Orient

 
Les patriarches n’ont pas hésité à préciser ce point dans leur communiqué final : « Nous demandons à la Communauté Internationale, écrivent-ils, d’assumer sa responsabilité en arrêtant les guerres sur notre terre, à trouver des solutions pacifiques et politiques aux conflits, à œuvrer avec sérieux à aider les déplacés et les émigrés à réintégrer leurs maisons et leurs propriétés et à protéger leurs droits comme citoyens. Nous lui disons que nous sommes les propriétaires originaires de cette terre, enracinés en elle. Elle a été arrosée par la sueur du front de nos pères et ancêtres. (…) Nous appelons toute personne qui prétend s’occuper de notre destin à nous aider à rester et à nous enraciner dans notre terre pour la labourer, la développer et profiter de ses biens, non à faciliter le vol de notre héritage, de nos biens, non à détruire notre civilisation, non à soumette notre être vivant à l’esclavage, non à lui imposer le chemin de l’émigration. Nous lançons un cri et nous réitérons la demande de mettre fin à la guerre sur notre terre et à soutenir les bases de la stabilité dans toute la région. »
 
Déplorant l’exode massif des chrétiens fuyant les pays martyrisés par les conflits, ils ont, par ailleurs, déclaré ne pas condamner ceux qui choisissent de s’en aller, mais tenu à rappeler à leurs fidèles que « le fait d’être fermes dans la foi passe souvent également au travers de nombreuses tribulations ».
 

La prière du pape

 
« Prions ensemble pour les victimes de l’effarante violence. » Telle est l’invitation que le pape François a, depuis, adressée au Patriarche syro-orthodoxe Ephrem II, qui, à la fin de la semaine dernière, était en pèlerinage à Rome sur la tombe de saint Pierre. Evoquant la terrible situation des chrétiens d’Orient, le Saint-Père a considéré en outre qu’il semblait que « les puissants de ce monde soient incapables de trouver une solution ».
 
Au cours des synodes qui se sont tenus ces derniers jours, les patriarches Bechara Rai et Grégoire III ont, chacun pour leur église, précisé ces divers points. Evoquant la fuite des chrétiens de ces pays, le patriarche grec-melkite a notamment déclaré : « Les candidats à l’émigration sont, en majorité, des chrétiens. Si tel est le cas pour le Liban, qu’en sera-t-il dans les pays de moindre stabilité ? A nous de travailler pour tenter de freiner cette hémorragie. »
 

Face à « l’œcuménisme du sang »

 
Enfin, à propos de ses rencontres avec les patriarches des autres Eglises orientales, Grégoire III a déclaré : « Ce qui nous rassemble est bien plus grand que ce qui nous sépare », surtout en ces temps où « nous vivons, en Syrie et en Irak, l’œcuménisme du sang ».
 
Cette terrible formule sera-t-elle entendue des Occidentaux qui, contre la nature profonde de ces pays, entendent imposer, sans discernement, leur manière de voir ?
 

François le Luc