DRAME D’après une histoire vraie •


 
D’après une histoire vraie est le dernier film du réalisateur vedette Polanski. Il propose son adaptation d’un roman récent de Delphine de Vigan, Prix Goncourt des Lycéens 2015. Nous nous contentons ici de proposer une critique de cette œuvre précise de Polanski, indépendamment de ce que nous savons sur le personnage, pour le moins fort discutable. Son talent de cinéaste est indéniable. Toutefois D’après une histoire vraie n’est qu’une œuvre mineure qui, sans être stricto sensu complètement manquée, relève du moins clairement du demi-échec.
 
Une femme écrivain – nous refusons avec l’Académie française « écrivaine » et « auteure » – signe son dernier roman. Elle s’ennuie. Le défilé des lecteurs serait un spectacle lassant. Pourtant une lectrice obstinée, qui refuse d’abandonner lorsque la séance de dédicace est déclarée close et qui la poursuit durant toute une soirée mondaine, finit par l’intéresser. Puis cette lectrice finit par s’immiscer dans sa vie. En effet l’auteur traverse un épisode combiné de crise personnelle et professionnelle, c’est-à-dire une grosse panne d’inspiration, alors qu’elle travaille en principe à son roman suivant. Son amant régulier, depuis plusieurs années, est obligé de la laisser seule pour longtemps du fait de ses obligations professionnelles : critique littéraire à la télévision, et à ce titre publicitaire enthousiaste des romans de sa compagne, il est aussi auteur de scénarii de feuilletons tournés à l’étranger, et part donc pour plusieurs mois. Les enfants de l’héroïne, un garçon et une fille, issus d’une union précédente, sont adultes et ne tiennent manifestement pas à échanger avec leur mère, et encore moins à la visiter : le fils ne répond pas à ses messages au téléphone et la fille l’expédie en deux minutes. La femme écrivain est donc de plus en plus seule et tombe, sans l’avouer, en dépression. Suivant un mécanisme bien connu, elle accroit elle-même son mal en s’isolant de plus en plus, en annulant ses obligations mondaines ou pire, en ne se rendant pas aux rencontres prévues sans prévenir, comme à un atelier avec des lycéens de Tours, sous prétexte de concentration absolue nécessaire à l’écriture, alors qu’elle n’écrit rien.
 

D’après une histoire vraie ne convainc vraiment pas

 
Sa nouvelle et unique amie pénètre de force – moralement – dans sa vie, réorganise sa table de travail, lui donne des conseils impératifs pour se remettre à l’écriture. D’après une histoire vraie doit reposer sur le mystère lié à la nature de cette amie. Or, il n’y en a de fait aucun : la femme écrivain, manifestement à moitié folle, et au passé psychiatrique explicité en début de film, est confrontée à une amie à l’évidence imaginaire. Sans vrai mystère, que reste-t-il du film ? On peut s’intéresser, durant la première partie du film, au milieu mondain parisien, très bien connu du réalisateur, petite curiosité sociologique. La méditation sur les affres de l’écriture et de l’écriture bloquée n’est pas dépourvue de toute pertinence. Mais le film, dans son ensemble, ne convainc vraiment pas.
 

Hector JOVIEN

 
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