Trouble rôle de l’Arabie saoudite : de riches Saoudiens financent les deux parties dans la guerre civile en Afghanistan

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C’est une information du New York Times : le principal protagoniste du conflit en Afghanistan n’est pas les États-Unis, mais l’Arabie saoudite, parce que les Saoudiens financent les deux parties de sa guerre civile qui n’en finit pas.
 
« Alliée de longue date du Pakistan, l’Arabie saoudite a soutenu la promotion des talibans par Islamabad. A travers les ans, de riches cheikhs saoudiens ainsi que des philanthropes ont soufflés sur les braises de la guerre en finançant à titre privé les rebelles. Et pendant tout ce temps, l’Arabie saoudite a officiellement, fût-ce du bout des lèvres, soutenu la mission militaire américaine et le gouvernement afghan allant jusqu’à les représenter dans des négociations clandestines pour la paix », écrit le journal cité par Breitbart.
 
Le résultat des courses, c’est que de riches Saoudiens peuvent financer à titre individuel islamisme radical des talibans, tandis que le gouvernement d’Arabie saoudite, tête haute, peut continuer de nier qu’un tel soutien lui soit officiellement offert. L’ancien chef du renseignement saoudien et ambassadeur aux Etats-Unis, le prince Turki al-Fayçal a pu déclarer, sans rougir : « Lorsque j’étais au gouvernement, pas un centime n’est allé aux talibans. »
 

Les Saoudiens financent aussi bien les talibans que le gouvernement en Afghanistan

 
Côté talibans, l’histoire est très différente : l’ancien ministre des finances Agha Jan Motasim affirme que ses nombreux pèlerinages vers les villes saintes d’Arabie saoudite étaient avant tout destinés à lever des fonds, non seulement auprès des cheikhs saoudiens mais également à travers les contacts organisés avec des musulmans riches et favorables aux talibans venus en pèlerinage depuis de nombreuses parties du monde.
 
Motasim a également joué un rôle de premier plan, selon le New York Times, pour la négociation d’un accord de paix entre les talibans et le gouvernement afghan, plan qui devait capoter à la faveur d’une lutte de pouvoir au sein même du mouvement taliban, accompagnée d’accusations de détournements de fonds contre l’ancien ministre.
 
Un autre moyen de financement des talibans consiste à racketter les travailleurs pachtounes qui se rendent en Arabie saoudite comme travailleurs immigrés : ils exigent un pourcentage des revenus pour assurer la « protection » des familles des émigrés restées au pays.
 

Le jeu diplomatique de l’Arabie saoudite consiste à favoriser les sunnites et à supplanter le Qatar

 
Le double jeu saoudien répondrait, selon un ancien employé du département d’État, Vali Nasr, à une stratégie visant à contenir l’islam chiite, et sa superpuissance, l’Iran, par « la construction d’un mur de radicalisme sunnite barrant l’Asie du Sud et l’Asie centrale ».
 
Une autre motivation pourrait être la lutte d’influence en cours entre l’Arabie saoudite et le Qatar qui cherchent chacun a jouer un rôle dominant dans le monde sunnite. Cela explique que les Saoudiens construisent actuellement un réseau d’universités et de madrasas en Afghanistan afin d’asseoir leur influence religieuse et culturelle, ce qui ne va pas sans versement de fonds, dont une partie au moins aboutit entre les mains de groupes extrémistes qui se livrent aujourd’hui à la glorification du Califat et donc de l’Etat islamique. De son côté, l’Iran en ferait autant pour influencer la population chiite afghane.
 

Anne Dolhein