ACTION
Assassin’s creed ♠


 
Assassin’s creed est un célèbre jeu vidéo, aux multiples opus. Il est très connu des amateurs et s’adresse avant tout au public qui connaît son univers. Il n’est pas certain du tout que ceux qui l’ignorent y perdent grand-chose. Les Assassins dont il est question constituent une forme de ligue de justiciers millénaire : ils tueraient facilement, avec un art réputé, mais ne tueraient que des êtres méchants ou dangereux. Le joueur s’immerge dans la peau d’un assassin et tue des méchants donc ; ce qui fonctionne certainement fort bien en jeu vidéo est-il transposable, du moins avec quelque intérêt, au cinéma ? Ce n’est pas certain. Afin de donner un minimum de consistance à l’histoire, les scénaristes ont beaucoup travaillé : ils développent le fameux credo – tel est le sens de l’anglais creed – des Assassins, ainsi que le système de croyances de leur ordre-ennemi, celui des Templiers. Sur des millénaires les Assassins affrontent donc les Templiers. L’extravagance est totale. Au lieu de s’en contenter et d’espérer distraire par des scènes d’action s’enchaînant de façon fluide, Assassin’s creed développe toute une pensée ésotérique structurée. Les scénaristes ont réalisé l’oxymore improbable du film d’action métaphysique, et de métaphysique tout sauf chrétiennement orthodoxe.
 

Assassin’s creed, un poison pour des âmes peu éduquées religieusement

 
Sur le plan purement technique, nous confesserons volontiers que le film, en s’appuyant sur de grands acteurs inattendus, comme Michael Fassbender et Marion Cotillard, n’ennuie pas, équilibrant subtilement scènes d’action pure, d’autres beaucoup plus contemplatives, et discours. Par contre le salmigondis ésotérique, proposé à des adolescents guère catéchisés désormais, est, selon nous, tout sauf innocent ou inoffensif. Un assassin du début du XXIème siècle, capturé par les Templiers, qui essaient de le manipuler, est renvoyé (pour simplifier) en 1492, à la Prise de Grenade par les Rois catholiques. La civilisation serait du côté musulman, et la barbarie du côté chrétien ; ce manichéisme faux agace déjà. Pire, les Assassins auraient sauvé in extremis à Grenade la pomme du péché originel des mains des Templiers. Le péché originel est compris comme un fait historique lointain et certain, mais est complètement renversé de perspective : il aurait été un acte libérateur de l’humanité, et les Templiers espèreraient asservir le genre humain s’emparant de cette pomme d’acier et d’argent. Elle serait un ancien objet de technologie extraterrestre très puissant, capable de contrôler collectivement les esprits humains. Le spectateur critique et adulte découvre un exposé de doctrine maçonnique inversant complètement la perspective chrétienne. En cela il est intéressant, mais loin d’être simplement bête et violent – ce qu’il n’est qu’assez peu finalement – Assassin’s creed nous a semblé être un poison pour des âmes peu éduquées religieusement, et elles sont désormais légion.
 

Hector JOVIEN

 
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