Attentats de Bruxelles : la vraie réponse au nihilisme de l’Etat islamique

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Un policier belge devant l’entrée de la station de métro Maelbeek, à Bruxelles.

 
Chassez le surnaturel, il revient au galop – mais ce n’est pas nécessairement celui qu’on attend. Alors que l’Europe entière est en deuil après les attentats de Bruxelles, des questions politiques se bousculent. Comment en finir avec la menace terroriste ? Que cherchons-nous à défendre ? Où est notre force face à l’ennemi ? Qu’avons-nous fait pour mériter cela ? Qui ose appeler l’ennemi par son nom ? Et ne faut-il pas d’urgence soutenir toute politique qui ose désigner l’islam ? Oui : quelle est la vraie réponse au nihilisme de l’Etat islamique ?
 
Mais les réponses proposées souffrent d’un vide intérieur.
 
Nous nous irritons – à juste titre – du discours officiel, de plus en plus creux, de moins en moins crédible, qui continue de prêcher l’équivalence des religions et l’interdiction absolue de faire l’amalgame entre islam radical et terrorisme. Alors, à juste titre encore, nous soulignons la cruauté de la charia, le caractère totalitaire de l’islam et sa manière de confondre le spirituel et le temporel. Nous rappelons son histoire faite de conquêtes sanglantes et nous faisons les comptes des martyrs chrétiens dans les pays où il triomphe.
 

Les attentats de Bruxelles ont frappé une Europe malade en son cœur

 
Ces martyres qui nous émeuvent moins, toutefois, que deux explosions à Bruxelles… Les attentats autrement plus meurtriers qui massacrent des chrétiens par centaines en Afrique noire, la mise à mort de quatre religieuses, Missionnaires de la charité au Yémen en haine de la foi par l’Etat islamique ne font pas vraiment les gros titres. On n’a pas encore vu la Tour Eiffel éclairée aux couleurs du Vatican. Un attentat à Beyrouth ou à Bagdad, au Nigeria ou au Pakistan nous remue moins que les images violentes tournées à l’aéroport de Zaventem ou devant une station de métro à Bruxelles, à deux pas de chez nous.
 
Cela prouve au moins une chose : il y a une réalité européenne, un sentiment de proximité à la fois géographique et humaine entre pays voisins, façonnés par une longue histoire commune, et dont le mode de vie, l’architecture, les langues ont malgré la mondialisation un air de famille. Mais ce sentiment de proximité n’est plus guère spirituel. Il devrait l’être. S’il l’était, on pourrait véritablement réfléchir à la réponse qu’il faut opposer au terrorisme islamique.
 
Chasser le surnaturel, c’est ce à quoi les nations d’Europe s’emploient depuis des décennies, des siècles ; depuis la Révolution française et même avant – car il fallait bien sonner l’hallali de la foi chrétienne de l’Europe avant de se mettre à l’éradiquer. Ces choses-là prennent du temps.
 

L’apostasie silencieuse face au nihilisme de l’Etat islamique

 
Aujourd’hui l’apostasie silencieuse de l’Europe – Jean-Paul II osait reprendre ces mots – semble avoir gagné l’ensemble de l’espace public dans tant de pays, et combien d’âmes ! Les institutions européennes ont explicitement rejeté les racines chrétiennes de l’Europe. Qui parle de racines reconnaît l’existence d’un principe vital, d’un canal par lequel la sève nourricière peut maintenir la vie de l’ensemble, sans confusion parmi les différentes parties de la plante ou de l’arbre. Mais déracinez un chêne, il se meurt… L’Europe qui se coupe de sa source se suicide tout en tuant ses pays et ses peuples, opprimés par sa culture de mort.
 
Et pour cela, elle n’a même pas besoin de l’Etat islamique.
 
Que vient-il faire dans cette galère ? Le ménage, peut-être. Un ménage infernal pour remplacer ce surnaturel auquel l’Europe a majoritairement refusé sa juste place : un « surnaturel » qui se trompe d’adresse. Qui des enfants de Dieu veut faire les esclaves d’Allah.
 
L’islam est-il un nihilisme ? Pas tout à fait. Oui, l’islam radical de l’Etat islamique aime la mort et la destruction, la haine de l’autre et la soumission. Oui, il déteste l’histoire, le patrimoine culturel, la liberté (surtout celle des enfants de Dieu), ses ennemis. Comme le communisme il veut faire table rase. Mais ses kamikazes qui se font sauter à Paris ou à Bruxelles croient en l’au-delà. Ils ne croient pas – comme le fait au fond l’Occident apostat – que la terre est plate et qu’il n’y a personne au-dessus de l’univers. Leurs croyances les nourrissent, et c’est terrifiant parce qu’elles leur donnent la force de haïr et de détruire. Elles les soumettent à un faux dieu, à qui l’on peut faire dire n’importe quoi. Et c’est si facile, pour eux, de mépriser l’Europe !
 
Cette Europe qui sombre dans un vrai nihilisme… L’Europe du refus de la vie.
 

La vraie réponse à l’islam ne peut être la défense de notre culture de mort

 
Comment des pays qui tuent leurs propres enfants comme si c’était un droit individuel et même un bien, peuvent-ils espérer faire le poids face à un islam qui exalte le sacrifice de la vie au nom d’Allah ? Comment des pays qui, institutionnellement et jusque dans les écoles, imposent la corruption des mœurs, peuvent-ils justifier la défense de leur mode de vie face à l’ennemi ? L’incitation à la débauche est partout, dans nos rues et sur nos écrans. Le mariage et la famille sont institutionnellement détruits. Le blasphème est constitutif de notre laïcité.
 
Certes tout cela n’est pas vrai au plan des personnes, des familles, des paroisses, des associations, des communautés religieuses… L’Europe chrétienne n’est pas morte, loin s’en faut, dans tous les cœurs et dans toutes les âmes. Mais politiquement, institutionnellement, elle fait comme si.
 
La bataille qui s’impose aujourd’hui à nous appelle une réponse à sa mesure. Nous ne pouvons pas nous contenter de nous plaindre des viols de Cologne et de dénoncer la viande halal ou la suppression du porc dans les cantines scolaires. Nous ne gagnerons pas à nous battre contre la ségrégation dans les piscines publiques ou à dénoncer des mariages forcés, même si nous avons raison. Le mode de vie que nous défendons ne mérite plus d’être défendu. Nous partons perdants dès l’instant où nous faisons comme si Dieu n’existait pas, car ce vide-là, l’ennemi ne cherche qu’à le remplir.
 
L’ennemi qui nous menace et qui s’installe est un ennemi à combattre, mais c’est aussi un ennemi à convertir. Comment sortir les fous d’Allah de leur folie ? La vocation de l’Europe est de les ramener à la raison, ce qui ne peut se faire vraiment sans les amener à la Foi. Cela n’empêche pas de se battre contre l’agression et contre le mal – mais cela suppose d’abord de ne pas rejeter le Vrai, le Beau, le Bien sur lesquels seule peut vraiment centrer la foi au Christ ressuscité, et la sauvegarde de sa Loi vivifiante.
 

Lépante et Vienne : la force de l’Europe est dans sa foi

 
L’« Europe des infidèles » que cet islam veut soumettre, est, hélas, vraiment une Europe infidèle à elle-même et à la Vérité. Là est le nœud de la tragédie que nous vivons. Là est la puissance de l’adversaire et son espoir de conquête.
 
L’histoire a montré comment remporter cette bataille qui se répète au fil des siècles. Avec l’épée, certes : c’est la force des soldats et des armes qui l’a emporté à Lépante ou à Vienne. Mais pas seulement : humainement, ces victoires étaient impossibles, inespérées. C’étaient les victoires d’une Europe à genoux devant la Reine du ciel, forte comme une armée en bataille. Une Europe prête à suivre les commandements de son Fils, à « faire tout ce qu’Il dira ».
 
Il nous faut clamer : « Sauvez-nous ! » Sauvez-nous de l’apostasie immanente et silencieuse, sauvez-nous du manque de foi et de la damnation éternelle, sauvez-nous de la haine envers ceux qui nous persécutent, sauvez-nous du rejet de Dieu et de la négation de l’être qui est notre nihilisme à nous.
 
Alors, en ayant cherché d’abord le royaume de Dieu et quémandé le bonheur éternel auprès de Lui, peut-être serons-nous préservés ici-bas de l’empire du néant. Car cela ne peut nous être donné que par surcroît.
 

Anne Dolhein