Après les attentats, Obama sur les réfugiés/migrants : the show must go on !

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Lundi, à l’issue du sommet du G20, Barack Obama a vigoureusement défendu sa stratégie de lutte contre l’État Islamique, apparemment très satisfait de son tout récent rendez-vous de Vienne avec Poutine. Il s’est aussi et surtout lancé dans une très ferme mise en garde contre le rejet des migrants, qui s’observe, après les attentats de Paris, dans différents Etats américains… La leçon est à destination, certes, des siens, mais elle est aussi mondiale. The show must go on !
 

Obama ne veut pas d’amalgame

 
Pas d’amalgame ! Si tel ne fut pas le message politique de Hollande dans son discours guerrier de ce même jour, à Versailles, le président américain ne s’est pas fait prier pour mettre en garde contre les amalgames sur les réfugiés, après les attentats djihadistes meurtriers commis à Paris.
 
Non seulement, il a fait comprendre que sa politique syrienne ne bougerait pas d’un iota : « Il y aura une intensification de notre stratégie mais cette stratégie est celle qui finira par marcher ». Comprenez, pas d’envoi de troupes au sol, pas de confrontation directe avec l’État Islamique. Mais il a réitéré l’importance et la nécessité de l’accueil des réfugiés/migrants « qui n’ont rien à voir avec les terroristes ».
« Les gens qui fuient la Syrie sont ceux qui souffrent le plus du terrorisme, ce sont les plus vulnérables. Il est très important que nous ne fermions pas nos cœurs aux victimes d’une telle violence (…) Quand j’entends des gens dire que nous ne devrions peut-être accueillir que les chrétiens et pas les musulmans, (…) c’est une honte, ce n’est pas américain ! »
 

24 gouverneurs refusent d’accueillir des réfugiés

 
La polémique enfle, en effet, au cœur des États américains – le décalage avec la France abasourdie qui se tait et ne réclame rien ou pas grand-chose, fait d’ailleurs peine à voir. Au moins vingt-quatre gouverneurs (dont un seul démocrate !) ont annoncé qu’ils prenaient des mesures pour empêcher les réfugiés syriens de se fixer dans leurs Etats, voulant éviter des attentats similaires à ceux de Paris.
 
Et les candidats républicains à la présidentielle de 2016 ont renchéri en affirmant que les États-Unis ne devraient plus accueillir de réfugiés syriens, de peur d’accueillir en sus des militants de l’État islamique. « Pourquoi n’infiltreraient-ils pas des gens dont l’idéologie est opposée à la nôtre ? » s’est demandé Ben Carson. Jeb Bush et Ted Cruz ont plaidé, eux, pour accueillir essentiellement des Chrétiens de Syrie. Et le milliardaire Donald Trump a comparé l’afflux migratoire à « un cheval de Troie » – expression déjà plusieurs fois utilisée en Europe.
 
Vaine défense, certes – cette résistance n’est pas vraiment constitutionnelle. Néanmoins, elle se dresse pour rappeler à l’Amérique qu’au moins trois des huit terroristes islamistes des attentats de Paris étaient arrivés en France par la voie très empruntée des îles grecques et que l’un d’entre eux avait même un faux passeport syrien. Pour rappeler combien il est facile de se mêler ainsi (sans fin) à la foule (sans fin) des migrants…
 

« Nous ne pouvons pas fermer nos portes à ces gens »

 
Obama, aussi, le sait parfaitement, mais ça ne l’empêche pas de s’enferrer dans sa politique immigrationniste : « Il est important de souligner que ces attaques sont menées par des extrémistes et ne reflètent pas l’attitude pacifique des gens originaires du Moyen-Orient » a -t-il argué.
 
Alors que le directeur du FBI reconnaissait, cette année, face à des sénateurs, que le risque zéro n’existait pas, le conseiller adjoint à la sécurité nationale d’Obama a affirmé dimanche que le pays ne courrait aucun risque, le nombre de leurs réfugiés étant limité et le processus de contrôle solide.
 
En bref, « nous ne pouvons pas fermer nos portes à ces gens ». La Maison Blanche a d’ailleurs aussitôt annoncé qu’elle maintenait son objectif de 10.000 réfugiés supplémentaires en provenance de la Syrie – objectif largement décrié par les conservateurs qui veulent tout faire pour le contrer au Congrès, sans en avoir vraiment les moyens.
 

Après les attentats, l’« inquiétude mondiale »… pour les migrants

 
10.000… Ce chiffre parait dérisoire, lorsqu’on le compare aux centaines de milliers de migrants/réfugiés qui envahissent l’Europe, mais c’est déjà un gros pas en avant pour les États-Unis qui n’en ont accueilli depuis 2011, « que » 1.800… De plus l’administration Obama ne peut aller plus vite que la musique de son pays, bien qu’il le souhaiterait. Sa grande loi sur l’immigration, ainsi que certains chapitres bien précis des grands accords internationaux feront peu à peu le reste…
 
La réponse conclusive du G20 va en ce sens : tous les pays doivent contribuer à la gestion de la crise des migrants, « par la relocalisation des réfugiés, les droits d’entrée humanitaire, l’aide humanitaire ». A crise mondiale, « inquiétude mondiale » – mais pas pour les pays confrontés à l’afflux massif et inassimilable, parfois même terroriste, de ces réfugiés, ne rêvons pas.
 
A côté de ça, le gouvernement américain vient de vendre pour 1,3 milliard de dollars de bombes à l’armée de l’air de l’Arabie Saoudite, après lui avoir cédé fin octobre, quatre navires de guerre pour 11 milliards de dollars. Un pays qui ne fait pas que la guerre au Yémen, mais finance largement d’autres fomenteurs de troubles au Moyen Orient, comme l’État Islamique…
 
The show goes on.
 

Clémentine Jallais