Augmentation du nombre d’écoles primaires islamiques aux Pays-Bas

Augmentation du nombre d’écoles primaires islamiques aux Pays-Bas
 
Aux Pays-Bas, où le nombre d’enfants scolarisés dans le primaire régresse régulièrement depuis une dizaine d’années, celui des enfants qui fréquentent une école primaire islamique est au contraire en forte augmentation : + 22 % en cinq ans. En termes absolus les chiffres ne sont pas énormes : on passe de quelque 9.000 élèves en 2010 à près de 11.000 en 2014. Mais ils sont le signe d’une communautarisation accrue et d’une volonté croissante de refus de la culture du pays d’accueil, tout en profitant de ses généreuses dispositions pour l’enseignement.
 
On compte désormais 49 écoles islamiques primaires aux Pays-Bas. Il y en avait 43 en 2008.
 
Ce n’est pas pour des raisons d’excellence académique que les parents choisissent ces établissements, puisque leurs résultats aux tests comparatifs publics sont souvent médiocres. Un sociologue de l’enseignement de l’université de Maastricht, Jaap Dronkers, assure cependant que la qualité s’améliore : elle dépasserait désormais en moyenne celle des « écoles publiques fréquentées par des enfants issus des basses catégories socio-économiques ».
 

Pays-Bas : 22 % d’élèves de plus en cinq ans dans les écoles primaires islamiques

 
Le directeur de l’école primaire islamique de La Haye, Abdelsalek Maas, assure que le « climat actuel » aux Pays-Bas joue un rôle important : « Si vous portez le voile, les gens vous regardent de travers. Dans une école islamique les enfants peuvent être eux-mêmes. » (Le voile, à l’école primaire ?) A La Haye, l’engouement est tel qu’une école primaire publique a dû fermer ses portes, faute de recruter suffisamment d’élèves.
 
Organisé dans un réseau ad hoc, le maillage des écoles islamiques s’étend notamment parce que les parents veulent une école en cohérence avec leur identité religieuse. Yusuf Altuntas, responsable du réseau ISBO, cite là une raison corroborée par cette mère de famille : « Je trouve agréable que les expériences du monde de l’école soient en continué avec celles de la maison. Nous ne célébrons pas Noël ni la Saint-Nicolas : à l’école ils ne le font pas non plus. »
 
Le système néerlandais est particulièrement favorable aux parents qui désirent créer des écoles, même si des critères d’agrément ainsi que le contrôle de l’enseignement sont prévus. Les écoles confessionnelles, créées en général par des groupes de parents, reçoivent autant d’argent public que les écoles d’Etat, et elles ont le droit de refuser des enseignants qui n’en partageraient pas les convictions religieuses. Elles ont le droit d’utiliser leur propre matériel d’éducation.
 

L’augmentation du nombre des écoles islamiques favorisée par la loi des Pays-Bas

 
Cette organisation reconnaît (dans une certaine mesure, vu le poids du contrôle idéologique aux Pays-Bas) les droits des parents qui sont les premiers éducateurs de leurs enfants. Et l’on comprend que dans une société aussi sécularisée que les Pays-Bas, où la liberté des mœurs est encore bien plus frappante qu’en France, les fidèles d’une religion comme l’islam cherchent à protéger leur progéniture d’un environnement délétère. Mais en même temps ils profitent de la laïcité « ouverte » et relativiste qui leur assure le soutien du contribuable néerlandais.
 
En 2008, une enquête sur les écoles islamiques primaires du moment avait permis d’établir que sur les 43 établissements, 15 avaient détourné quelque 4,6 millions d’euros, « disparus » ou « dépensés à tort ».
 

Anne Dolhein