L’Autriche veut un plan européen de maîtrise de l’immigration avec la création de « zones de protection »

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Le ministre de la défense d’Autriche, le social-démocrate Hans Peter Doskozil, vient d’appeler à la mise en place de nouvelles mesures anti-immigration contraignantes, et valables pour l’ensemble de l’Union européenne, avec la création de centres de demande extérieures pour les candidats au statut de réfugié, ainsi que de « zones de protection » où les migrants illégaux pourraient être rassemblés en vue d’un éventuel rapatriement. Il réclame notamment la mise en place d’une limite au nombre d’immigrants acceptés au sein de l’UE ainsi qu’une « protection efficace des frontières extérieures » de l’Union.
 
« Il s’agit de mettre fin aux politiques d’asile européennes qui ont échoué. Nous devons parvenir nous-mêmes à reconnaître qu’un pays a une capacité limitée à absorber de nouveaux migrants. Nous devons mettre un terme à l’immigration illégale », a-t-il déclaré.
 

Un ministre d’Autriche présente un plan de maîtrise de l’immigration

 
Il appartiendrait, selon son plan, à l’Union européenne d’obliger ses Etats membres à fixer une limite supérieure au nombre de demandeurs d’asile et de migrants qu’ils sont prêts à accueillir. La mesure concernerait au premier chef l’Allemagne qui fait partie des pays qui n’en disposent pas – et à l’égard de laquelle Doskozil n’a jamais caché son irritation, dénonçant depuis le début la politique d’Angela Merkel qui a poussé les migrants à rejoindre l’Europe en masse. Plafond global et plafond Etat par Etat : voilà un concept politiquement incorrect mais qui est dicté par la réalité.
 
L’aspect le plus contraignant du plan Doskozil consiste à proposer que les demandes d’asile ne puissent plus être faites que depuis l’extérieur du territoire de l’Union européenne. Ainsi les demandes seraient-elles évaluées dans des centres de migration installés dans les pays tiers concernés comme le Niger, la Jordanie, l’Ouzbékistan, etc. Une fois leur dossier accepté, les migrants bénéficieraient de la prise en charge intégrale de leur voyage vers l’Europe.
 
Cela ferait de tout clandestin entré d’une autre manière sur le territoire européen un « illégal » à part entière, susceptible d’être reconduit à l’extérieur de l’Union vers son pays d’origine. Même si cela ne réglerait sans doute pas complètement la question des personnes sans papiers d’identité… Mais quoi de plus facile que de les « perdre » ?
 

Des zones de protection pour isoler les clandestins

 
Le principe serait en tout cas posé : celui du rapatriement automatique des migrants sans droit d’asile, à quoi le ministre propose d’ajouter la mise en place de « zones de protection » à proximité des centres d’asile où l’on pourrait regrouper les clandestins. Doskozil se défend d’avoir voulu proposer, comme le conservateur Sebastian Kurz, ministre des affaires étrangères, un plan similaire à celui de l’Australie qui prévoit non des zones de protection mais d’internement des clandestins. L’idée est toujours de mettre fin du même coup au trafic d’êtres humains, les candidats au statut de réfugié n’ayant plus intérêt à entamer des voyages périlleux vers l’Europe.
 
Que deviendra cette proposition lorsque le prochain président de l’Autriche, l’écologiste Van den Bellen, prendra ses fonctions à la fin du mois ? Le ministre entend en tout cas la mettre en avant lors de la prochaine réunion de la Coopération pour la défense des Etats d’Europe centrale en février.
 

Un plan européen de contrôle des demandes d’asile ?

 
La proposition souligne le fait que le flux des migrants vers l’Europe est loin d’avoir cessé, mais en même temps, il s’oppose au règlement souverain de la crise par chaque pays membre, et fait la promotion du régionalisme à l’échelle mondiale, cherchant à installer encore davantage la prédominance de l’Union européenne sur cette question brûlante.
 
Le problème est largement né du principe européen selon lequel un demandeur de droit d’asile dont le dossier a été accepté dans un pays peut librement circuler dans l’ensemble de l’UE. La question une fois européanisée, il devient facile d’assurer que son règlement ne se fera que dans le cadre supranational, au détriment du droit des pays de fixer eux-mêmes leur politique d’immigration et d’asile et en outre, de choisir qui ils souhaitent accueillir en priorité.
 
Confier à des fonctionnaires européens au Niger ou en Ouzbékistan l’appréciation des candidatures n’est pas forcément une riche idée…
 

Anne Dolhein