Bac, morale et philosophie

Bac, morale et philosophie
 
Les bacheliers planchaient ce matin sur l’épreuve de philosophie. Une épreuve dont les sujets étaient tout empreints de morale. Notre société, qui a pourtant tôt fait de réprouver toute exigence en ce domaine, montre-t-elle par là que, pour lui préférer les adjectifs « éthique » ou « sociétal », elle ne peut échapper à une réflexion en ce domaine ?
 
684.734 ! Tel est le nombre des candidats qui passaient cette année la deuxième partir du baccalauréat. En découvrant ce matin l’examen de philosophie, certains auront pensé qu’on les plongeait, tout à coup, en plein commentaire de l’actualité.
 

Morale et philosophie

 
« Respecter tout être vivant : est-ce un devoir moral ? », ont en effet pu lire, parmi leurs sujets, les élèves de section littéraire. Intéressante perspective, nécessaire réflexion. Mais est-elle compréhensible par des jeunes gens à qui l’on serine toute la journée qu’il faut protéger la nature du prédateur humain, et qu’il faut faire – laisser, leur dit-on… – mourir Vincent Lambert ?
 
La question est encore compliquée à plaisir par le fait de n’apporter aucune distinction parmi les êtres vivants, et d’aucuns imaginent vraisemblablement, dans l’atmosphère prêchi-prêcha contemporaine, que l’homme n’a guère plus d’importance que l’herbe des champs. Peut-être auront-ils néanmoins le bon sens de s’apercevoir tout de même que ni les plantes, ni les animaux – ni leur salade, ni leur steak haché – ne sont conviés à répondre à la question…
 
Mais sans doute ma réaction est-elle le fruit de mon éducation. « Suis-je ce que mon passé a fait de moi ? » était l’autre question en effet posée aux littéraires. Encore une actualité brûlante : celle du conflit entre les générations, qu’une éducation « nationale » criminelle institutionnalise de plus en plus en prétendant arracher de plus en plus tôt les jeunes enfants à leurs familles pour faire table rase du passé pré-citoyen…
 

Politique et… morale : l’âge du baccalauréat

 
Ce disant, on commencerait déjà à répondre au sujet proposé à la section scientifique : « La politique échappe-t-elle à l’existence de vérité ? »
 
Puisque l’âge du bachot est aussi celui des premières oppositions, et que, somme toute, pour les matheux, la philosophie n’a qu’un intérêt numérique moindre sur le résultat, j’aurais volontiers répondu : « Avec un président de la République comme François Hollande, incarnation ultime du socialisme, égout collecteur de toutes les idéologies, oui ! »
 
Cette ligne et demie signée, j’aurais été occuper plus utilement mon temps. Mais la rébellion des adolescents n’est souvent que façade, et volonté de se débarrasser de taches ingrates. Pour ce qui est de cracher dans le sens du vent, ils sont souvent, quoi qu’ils pensent, d’un conservatisme et d’un conformisme absolus.
 
Mais sont-ils tout à fait responsables ? La question posée à la section ES donnait, en quelque sorte, la réponse : « La conscience de l’individu n’est-elle que le reflet de la société à laquelle il appartient ? »
 
Alors, l’on peut, bien sûr, accuser le gouvernement, la société, etc. Mais ne sommes-nous pas, en définitive, par lâcheté souvent, par difficulté aussi à savoir ce qu’il faudrait faire, les premiers responsables ?
 

François le Luc