La Banque mondiale affirme que la croissance des économies émergentes ne peut plus soutenir la croissance globale

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La Banque mondiale table notamment sur une brutale récession du Brésil cette année.

 
La capacité des économies émergentes à soutenir la croissance globale est en train de s’effriter à mesure que les prix des matières premières chutent. Elles souffrent également de la faiblesse des échanges du commerce international et de la baisse des investissements, s’il faut en croire la Banque mondiale. Celle-ci prévoit seulement 2,9 % de croissance mondiale en 2016.
 
Le PIB mondial a déjà stagné ou presque en 2015, avec une croissance globale de 2,4 % seulement, soit 0,4 % de moins que ce qu’avait prévu la Banque mondiale. Ce sont avant tout les BRICS – le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud – qui sont responsables de cette baisse de rythme à la faveur d’un « ralentissement simultané », le premier enregistré en 30 ans.
 
Le Brésil comme la Russie sont en état de récession alors que la Chine et l’Afrique du Sud voient leurs économies « bégayer », comme le dit le Daily Telegraph. L’Inde s’en sort mieux, toujours soutenue par sa forte démographie : elle reste en lice pour devenir bientôt la première économie mondiale. 
 

La croissance globale menacée par le ralentissement des économies émergentes

 
2015 aura été la pire année pour les économies des pays en développement depuis le début de la récession globale. Leur croissance moyenne de 4,3 % est somme toute mauvaise et sur le plan mondial elles représentent désormais une part bien plus modeste que naguère, affirme le rapport de la Banque mondiale. Il est vrai qu’elles ont bénéficié pendant de longues années de circonstances idéales pour accroître leur part du gâteau, en se mettant à concurrencer les pays développés avec des salaires bas et des systèmes de prévoyance sociale autrement moins onéreux.
 
On comprend en tout cas que l’institution mondialiste n’avait pas su ou bien voulu ouvertement prévoir les choses. La chute du pétrole, notamment, l’aura prise de court, mais aussi celle des autres matières premières dont les économies émergentes sont de grands exportateurs. Le ralentissement économique perpétue cette spirale descendante.
 
Ceci amène la Banque mondiale à écrire que tout choc économique inattendu, toute volatilité des marchés pourrait provoquer dans son sillage une remontée du coût du remboursement des dettes, révélant ainsi la vulnérabilité de l’économie mondiale. Son économiste en chef, Kaushik Basu, envisage même une chute brutale de la croissance globale en 2016 si la faiblesse de la croissance dans les pays émergents persiste et que de nouveaux chocs financiers se produisent.
 

La Banque mondiale n’avait pas prévu la chute du pétrole

 
La Banque mondiale avertit qu’il faut prendre en compte un certain nombre de risques : ses prévisions seraient à revoir si le prix des matières premières ne devait pas se stabiliser et si les taux d’intérêt devaient remonter.
 
Le ralentissement continu de la croissance des BRICS aurait des conséquences importantes sur l’économie mondiale, prévient la Banque mondiale. Un ralentissement de 1 % dans ces pays entraînerait une chute de 0,4 % du PIB mondial, alors que la reprise attendue depuis si longtemps en Europe et aux États-Unis alimentera une croissance modeste dans les années à venir, affirme le rapport.
 
Au moment où la Chine peine avec des difficultés boursières liés à sa propre crise économique, au moment où les États-Unis mettent progressivement en place une hausse de leur taux d’intérêt de base, la Banque mondiale annonce donc une reprise fragile certes, mais durable dans la zone euro. Révision, promesse, ou décision mise en œuvre en augmentant les taux américains ?
 
La baisse des BRICS s’explique à la fois par des aspects démographiques et la baisse du pétrole, mais à l’évidence on ne compte pas éviter une chute supplémentaire. Cela se voit à travers le fait que les États-Unis, ou plus exactement leur Banque centrale parfaitement alignée sur la volonté des grandes institutions mondialistes, remonte ses taux d’intérêt. Cela annonce de nouvelles difficultés pour les économies des pays en développement, pour qui le crédit sera d’autant plus difficile à obtenir. La Banque mondiale avertit déjà qu’un meilleur retour sur investissement pour les obligations d’État américaines aurait pour effet de créer le chaos au sein des économies émergentes, privées d’un important apport en capital.
 

Les économies émergentes vont-elles céder la place à la zone euro ?

 
Selon la Banque mondiale il faudra au moins une décennie pour que le pétrole et les métaux retrouvent leur prix d’après-crise en 2008. Le pétrole approche actuellement de sa valeur en 2004. On se souviendra que des analystes bien avertis nous annonçaient il y a quelques années encore un baril à 200 dollars. C’était en 2008 moment où il plafonnait à 150 dollars. Quel crédit accorder aux prévisions faites aujourd’hui par le même genre d’analystes ?
 
Ces prix modestes des matières premières vont favoriser les pays d’Europe. On nous explique même que ce sera une assurance pour François Hollande à l’approche des élections de 2017 de voir le chômage se stabiliser voire diminuer. Cela reste à voir… Les prédictions, comme les promesses électorales n’engagent que ceux qui les recoivent !
 
Et en l’occurrence, ce sont plutôt des promesses de malheur. L’interdépendance des économies, la division internationale du travail au profit de la Chine et maintenant d’autres pays en développement, la spéculation sur les matières premières qui peut aussi se faire à la baisse pour tenter d’éliminer des concurrents, font dépendre le monde entier d’un système que les banques centrales n’hésitent pas à manipuler.
 
La santé des économies ne dépend plus du caractère industrieux des peuples, de leur travail et de leurs besoins, mais de décisions politiques prises en dehors de toute représentativité responsable.
 

Anne Dolhein