Barack Obama et Raul Castro : vers la première rencontre d’importance entre les chefs d’Etat des Etats-Unis et de Cuba depuis cinquante ans

Barack Obama et Raul Castro : vers la première rencontre d’importance entre les chefs d’Etat des Etats-Unis et de Cuba depuis cinquante ans
 
Barack Obama se rendra cette semaine au sommet des Amériques à Panama : la rencontre ordinaire des chefs d’Etat pourrait prendra une tournure exceptionnelle cette année dans la mesure où Raul Castro, qui a pris la tête de l’île communiste il y a 7 ans, a confirmé sa présence. Il sera le premier chef d’Etat cubain à assister au sommet alors que la « normalisation » des relations américano-cubaines est en train de se réaliser doucement.
 
La question reste de savoir quelle forme prendra l’inévitable rencontre entre Barack Obama et Raul Castro qui, à ce jour, ne se sont rencontrés qu’une fois pour une fugace poignée de mains lors d’une cérémonie commémorative à Johannesburg après le décès de Nelson Mandela. Lors du sommet, les chefs d’Etat se côtoient de près. Publiquement, cette première rencontre d’importance sera forcément orchestrée : on peut tout imaginer, depuis la traditionnelle photo « poignée de mains-sourires » jusqu’à la réunion assise en tête à tête immortalisée par les photographes officiels.
 

Etats-Unis et Cuba se rapprochent après cinquante ans de Guerre froide

 
Il semblerait que les diplomates donnent leur préférence à une rencontre plus solennelle, histoire de faire avancer le rapprochement entre les Etats-Unis et le Cuba : une fois Obama à tu et à toi avec le leader cubain – encore un soutien à un pays communiste ! – Raul Castro et lui pourront justifier de nouveaux pas vers la rupture totale avec les années de la Guerre froide. Une responsable du Département d’Etat, Roberta Jacobson, a ouvertement fait savoir que le but était d’ouvrir des ambassades réciproques.
 
Et surtout, la fin de l’embargo par lequel les Etats-Unis ont isolé Cuba depuis plus de cinquante ans pourrait s’envisager : une aubaine pour Cuba qui continue encore aujourd’hui de compter sur le bloc russe et chinois. Le communisme n’est pas mort…
 
Du côté des dissidents cubains, c’est la consternation : ils ont longtemps pesé sur le Congrès américain pour empêcher la « normalisation » et pour eux, la rencontre entre Barack Obama et Raul Castro sonnera comme un désaveu.
 

La rencontre entre Barack Obama et Raul Castro dénoncée par les dissidents cubains

 
Les « Damas de Blanco » cubaines – les « Dames en blanc », les épouses, mères et filles de prisonniers politiques à Cuba – sont invitées à participer au sommet des Amériques dans le cadre de rencontres parallèles de la société civile. Obama devrait s’adresser à elles, mais au cours d’une session à huis clos.
 
La normalisation des relations entre les Etats-Unis et Cuba dépassera leur cadre étroit dans la mesure où les différents présidents américains sont interpellés depuis plusieurs dizaines d’années par les chefs d’Etats latino-américains à propos des sanctions contre Cuba : ce ne sera pas le cas cette fois.
 
Reste le « problème » d’autres sanctions américaines : il y a quelques semaines à peine, Obama a classé le Venezuela, dont le régime de gauche, héritier de Chavez, est proche de Cuba, parmi les nations qui « menacent » les Etats-Unis, et sanctionné sept hauts fonctionnaires des forces armées et de la justice du régime de Nicolas Maduro en bloquant leurs avoirs et leur utilisation des systèmes financiers américains. Des décisions aussitôt critiquées par Cuba qui a renouvelé son « soutien inconditionnel » à son allié.
 

Des chefs d’Etat que tout semble séparer, mais qui veulent cette rencontre d’importance

 
Vu les aides apportées par le Venezuela à l’Alliance Bolivarienne – les onze pays d’Amérique latine et des Caraïbes qui ont scellé leur avenir commun en décembre 2004 à La Havane pour promouvoir les « droits de l’homme » et les droits de la « Terre-Mère » – c’est tout un bloc de pays qui a des raisons d’en vouloir à Obama.
 
Mais la politique des petits pas en vue du rapprochement entre Cuba et les Etats-Unis est une réalité non moins prégnante. Après tout, l’intégration régionale s’accommode fort bien des apparentes oppositions entre dictatures de gauche et « libéraux » – de gauche aussi.