La Bavière veut reprendre le contrôle de ses frontières

Bavière contrôle frontières
Joachim Herrmann

 
La Bavière – l’Etat libre de Bavière, selon son nom officiel – l’un des seize länder allemands, ne supporte plus la crise migratoire. Et envisage donc de reprendre son propre contrôle des frontières par lesquelles des centaines de milliers de demandeurs d’asile sont arrivés en Allemagne, et tout spécialement en Bavière, contrôle normalement dévolu à l’état fédéral.
 
Ce propos a été tenu par le ministre bavarois des Affaires intérieures Joachim Herrmann, membre de la CSU (l’Union chrétienne-sociale en Bavière, pendant du CDU dans le reste de l’Allemagne, mais indépendant et plus conservateur) au Welt am Sonntag, édition dominicale de Die Welt.
 

La Bavière en opposition avec l’Etat fédéral allemand

 
Il faut noter que la Bavière possède des frontières avec la Suisse, la République tchèque et l’Autriche, et que, de ce fait, elle est particulièrement soumise à la crise migratoire et au flux des migrants qui arrivent par la fameuse route des Balkans. Sans compter ceux qui peuvent entrer sur son territoire par l’intérieur de l’Allemagne et les autres länder…
 
Joachim Herrmann le dit sans ambages, les contrôles réalisés à la frontière germano-autrichienne sont inadéquats et représentent « un risque immense pour la sécurité » en Bavière. De fait, explique-t-il, la police fédérale allemande n’est pas en mesure de remplir efficacement cette mission en raison d’un manque d’effectifs. « C’est pourquoi nous voulons nous-mêmes entrer en action », conclut-il assez logiquement.
 
D’autant que les autorités bavaroises ont déjà proposé leur aide à la Bundespolizei, mais que le gouvernement fédéral les a éconduites. « Il s’agit d’une décision purement politique prise à Berlin », dénonce Joachim Herrmann, qui proteste contre le risque terroriste que l’on fait ainsi porter à son länder.
 

Reprendre le contrôle des frontières

 
Le ministre ne mâche pas ses mots, et met clairement les point sur les i : « Le fait qu’aucun contrôle approprié ne puisse être réalisé cinq semaines après les attentats de Paris, malgré le danger flagrant, est une preuve d’incompétence. » Une incompétence dont la France se fait, malheureusement, l’écho…
 
Joachim Herrmann poursuit : « Quelque 4.000 demandeurs d’asile traversent encore quotidiennement la frontière en Bavière. (…) Nous pourrons encore accueillir 350.000 réfugiés en 2016, mais pas une nouvelle fois plus d’un million. »
 
Joachim Herrmann ne réserve pas ses critiques au seul gouvernement fédéral allemand, mais aussi bien à Bruxelles, qu’à plusieurs capitales voisines, dont il estime que la politique, en cette matière, relève de la « farce » – pique qu’il adresse plus particulièrement à la Grèce.
 
Mais ce n’est sans doute pas là le point le plus important de la critique du ministre Joachim Herrmann. Celui-ci réside plutôt dans la remise en cause de la politique fédérale, puisque chacun des länder a remis, selon les termes de la loi fondamentale de 1949, le pouvoir de défendre les frontières – et quelques autres – au gouvernement fédéral. On imagine ce qu’il pourrait advenir de l’Allemagne, difficilement réunifiée il y a vingt-cinq ans, si chacune de ses régions – et ne parlons pas de ses multiples petits Etats originels – se mettait à ainsi remettre en cause l’unité fédéral – et apparemment factice, ou, à tout le moins, fragile.
 

L’Europe morcelée…

 
C’est d’ailleurs le cas dans d’autres pays européens, tels que l’Espagne face à la Catalogne, voire la France face à la Corse – et demain la Bretagne ?
 
Pendant ce temps-là, nos élites politique et intellectuelle jouent avec des sophismes à quoi semble se résumer certains jours l’Union européenne.
 

François le Luc