Blasphème au Pakistan : soutien au meurtrier du gouverneur qui défendait Asia Bibi

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Plusieurs centaines de Pakistanais ont manifesté ce mardi en faveur de Mumtaz Qadri, condamné à mort pour avoir assassiné, en 2011, Salman Taseer, gouverneur du Pendjab, accusé de blasphème pour avoir apporté son soutien à Asia Bibi, et proposé une réforme de la loi à ce sujet. De ce fait, ce meurtrier est considéré par un nombre important de musulmans comme un héros de l’islam.
 
Ce rassemblement était organisé à l’appel du Sunni Tehreek, un mouvement politico-religieux local, devant la Haute Cour d’Islamabad, où à lieu en ce moment le procès en appel de Mumtaz Qadri, un policier justement chargé de la protection rapprochée du gouverneur qu’il a assassiné,. « Qadri a fait ce qu’il devait faire, c’est un héros de l’islam ! » « Honte à vous, relâchez Qadri ! », scandaient les manifestants, vêtus de longues chemises traditionnelles locales.
 

Un soutien au meurtrier du gouverneur qui défendait Asia Bibi

 
« Mon frère n’a rien fait de mal. Salman Taseer a été tué car il a blasphémé, et il ne peut y avoir qu’un châtiment pour cela », a commenté de son côté Malik Mohammad Safir, le frère de Mumtaz Qadri, devant le tribunal. Il a précisé que, son frère, détenu à la prison d’Adyala de Rawalpindi, dans la banlieue d’Islamabad, y est très heureux et passe son temps à prier.
Quant à ses avocats, ils ont déclaré, lors de l’audience, que l’enquête était entachée de vices de forme. C’est, de fait, la seule défense possible, l’accusé ayant avoué – et même revendiqué – son meurtre, et plusieurs témoins ayant confirmé les faits.
 

Le Pakistan et le blasphème

 
La situation n’en reste pas moins délicate compte tenu de l’influence de l’islam dans le pays. Aussi la plupart des observateurs, s’ils estiment que la condamnation à mort de Mumtaz Qadri ne pourra qu’être confirmée en appel, pensent néanmoins que le gouvernement se gardera de procéder à l’exécution du coupable. D’autant que ce procès se déroule alors qu’un député et ancien ministre, Haji Ghulam Ahmed Bilour, a déclaré lundi devant l’Assemblée nationale, à propos des caricatures publiées par Charlie-Hebdo : « Je ne peux pas tolérer qu’on s’attaque au caractère sacré du saint prophète. A qui assassinera le propriétaire, je donnerai 200.000 dollars. »