POLICIER Blood Father •


 
Blood Father est un film policier américain qui traite de la paternité, comme le titre l’indique. Il est polysémique en anglais « blood » signifiant « sang », ce qui dans le contexte veut dire à la fois père de sang, c’est-à-dire le géniteur d’une adolescente qui a surtout connu trois beaux-pères successifs, théorie de maris légaux d’une mère cumulant divorces et mariages. Dans la détresse, elle fait appel à lui, et lui seul. L’expression du titre signifie aussi « père sanguin », voire « sanglant », du fait du tempérament du personnage, ancien délinquant prêt à tout pour sauver sa fille. Certaines scènes sont violentes. La malheureuse, suite à ses mauvaises fréquentations, est poursuivie par des hommes de main d’un cartel mexicain, implanté comme beaucoup d’autres dans le grand voisin du Nord.
 
Blood Father marque le retour de Mel Gibson dans un rôle de premier plan, dans un film populaire. Il a en effet l’âge et la musculature d’un ancien homme fort des années 1980-1990, homme de main d’un gang de motards. Aujourd’hui, ces motards sont, pour les survivants, largement sexagénaires. Ils ont été remplacés par les cartels mexicains dans le Sud-Ouest des Etats-Unis, qui se montrent infiniment plus violents et ont développé un monde mafieux beaucoup plus important et structuré en quelques années. Ce problème de sécurité nationale des Etats-Unis forme d’ailleurs un des thèmes de campagne majeur du candidat Trump. Le film comporte un aspect d’affrontement des générations : l’ancien pourrait l’emporter un temps, mais son destin paraît scellé. Or, règle de ce type de film américain, il y a lieu de croire, que, quand même, contre tous les pronostics, ce père vieillissant et sa fille adolescente immature devraient quand même survivre. Toutefois, ce ne serait absolument pas crédible…
 

Blood Father entre scepticisme et ennui

 
Blood Father comporte quelques aspects intéressants. Au début du film, avant la fuite folle et désespérée qui forme l’essentiel du propos, Mel Gibson émeut en ancien délinquant qui essaie de se réinsérer dans la société, à travers l’actualité de tatoueur, et en se rendant régulièrement aux réunions des alcooliques anonymes -rôle qui n’est pas de pure composition,. Puis, un père qui fait tout pour retrouver sa fille, au propre comme au figuré, joue sur un sentiment universel et suscite facilement l’empathie.
 
Par contre, nous déplorerons les multiples faiblesses du scénario. Les tueurs mexicains redoutables se montrent fort maladroits. Les traîtres odieux, qui, au lieu d’aider les fuyards, les prennent au piège, sont des vendeurs d’articles nazis et confédérés ; c’est tout de même peu fin et ô combien prévisible !
 
Un spectateur curieux malgré tout du thème des relations père-fille, ou membre du « fan-club » de Mel Gibson, pourrait trouver plaisir à ce film. Pour les autres, l’exercice sera plus difficile et Blood Father risque fort de susciter non adhésion mais scepticisme ou ennui.
 

Hector Jovien

 
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