Brexit : contestation des lenteurs de Theresa May

Brexit contestation lenteurs Theresa May
 
L’impatience monte. Premier ministre conservateur britannique, Theresa May, dont les lenteurs agacent, est confrontée à la contestation de députés eurosceptiques de sa propre majorité qui préparent une offensive d’ampleur pour l’obliger à réaliser un « Brexit dur ». Un nouveau groupe, intitulé « Leave means Leave » (« Partir, c’est partir ») a été constitué ce 17 septembre, indique le Daily Telegraph. Il a pour objectif de faire sortir le Royaume Uni du marché unique européen, de faire cesser les pouvoirs de Bruxelles sur la législation et d’abolir le principe de libre circulation en Europe.
 
Ce groupe a obtenu le soutien de personnalités conservatrices de premier plan, telles Dominic Grab, ancien ministre de la Justice, Owen Paterson, ancien secrétaire d’Etat à l’Environnement et Sir Gerald Howarth, l’ancien ministre de la Défense qui préside le groupe conservateur thatchérien « Conservative Way Forward » (« Perspectives d’avenir conservatrices »). Il est mené par l’homme d’affaire Richard Tice, un des personnages les plus engagés dans la campagne en faveur du Brexit, et soutenu par d’autres hommes d’affaires, parlementaires et économistes.
 

Appliquer le Brexit, quitte à rompre avec le marché unique

 
Ce nouveau groupe de pression estime que la rupture avec le marché unique doit être imposée même si aucun accord commercial alternatif n’est signé avec Bruxelles. Pour Richard Tice, « Il faut être clair : pas d’accord vaut mieux qu’un mauvais accord ».
 
Cette campagne est lancée à un moment critique pour Mme May et son gouvernement, qui sont aux prises avec l’élaboration d’un plan définissant les futures relations avec l’Europe. Jusqu’ici, le Premier ministre a refusé de donner le moindre détail sur ses objectifs dans la perspective des futures négociations de sortie avec l’UE, ni sur la date à partir de laquelle elle entamera les négociations. En privé, les parlementaires conservateurs montrent une impatience croissante et veulent obtenir que Mme May concrétise enfin son slogan « Brexit veut dire Brexit » devant la conférence du parti conservateur qui se tiendra le mois prochain.
 
Ce nouveau groupe de pression, qui a obtenu le soutien d’au moins six députés conservateurs à ce jour, renforce l’impression selon laquelle l’inquiétude monte parmi les collègues de Mme May : va-t-elle défendre une sortie complète ou un vague compromis ? La semaine dernière, John Whittingdale, ancien ministre, a exigé que Mme May fasse valoir « dans les toutes prochaines semaines » l’article 50 qui signale le retrait de l’Union d’un de ses membres, afin de couper court aux tentatives de maintenir le Royaume-Uni dans l’UE.
 

Ne pas attendre 2017 : la contestation grandit

 
Richard Tice a confié au Sunday Telegraph : « Le peuple britannique a clairement signifié qu’il voulait quitter d’Union européenne. Il ne doit y avoir aucun compromis à ce sujet. Plus tôt nous partirons, plus la confiance régnera pour tous. » Le Premier ministre a dit vouloir attendre l’année prochaine pour activer l’article 50, amorçant deux années de négociations sur les conditions du départ. M. Tice a suggéré que Mme May devrait lancer les discussions sans attendre ce délai, permettant ainsi à la Grande-Bretagne de signer librement des accords avec des pays extérieurs à l’Union européenne et démontrant que le Royaume-Uni n’a qu’une seule parole. « De même, les consommateurs comme les responsables économiques seraient assurés que nous somme une puissance forte impliquée dans l’économie mondiale », a-t-il ajouté.
 
Pour le nouveau groupe de pression, demeurer dans le marché unique tout en sortant de l’UE serait une erreur. Cela signifierait selon lui que le Royaume-Uni resterait contraint d’accepter un nombre illimité de migrants et que ses entreprises continueraient de devoir se soumettre aux lois bruxelloises. « Le marché unique est la zone économique la moins dynamique dans le monde », étouffant ses entreprises dans un canevas de règles qui leur sont imposées même si elles ne commercent pas avec d’autres pays d’Europe, met en garde « Leave means Leave ».
 

Theresa May se voit reprocher ses lenteurs

 
Il qualifie de « fallacieux » l’argument selon lequel l’appartenance au marché unique est nécessaire pour commercer avec lui. La Chine et les Etats-Unis ne sont pas membres du marché unique européen et pourtant ils bénéficient d’un accès privilégié du fait que leurs règlement commerciaux sont considérés comme acceptables par les pays membres de l’UE, argumente le groupe. Le Royaume-Uni serait donc dans la même position et devrait même bénéficier de meilleures conditions, se débarrassant des taxes à l’exportation, ajoute-t-il : « C’est dans l’intérêt de l’UE d’accepter un accord de détaxation avec la Grande-Bretagne pour la simple raison qu’elle lui vend plus que la Grande-Bretagne ne lui vend. »
 
Réponse d’un porte-parole du 10, Downing Street : « Le Premier ministre a clairement assuré qu’elle allait négocier l’accord le plus favorable pour la Grande-Bretagne et appliquer le verdict sans ambiguïté du peuple britannique. »