Brexit : la menace d’Obama contre le Royaume-Uni

Brexit Obama menace Royaume Uni
Barack Obama et David Cameron, le 22 avril, lors d’une conférence de presse commune.

 
Le président américain Barack Obama a menacé vendredi le Royaume-Uni de « passer en queue de peloton » des relations commerciales avec les Etats-Unis s’il s’avisait de choisir de quitter l’Union européenne à l’issue du referendum du 23 juin sur le Brexit.
 
« Certains pensent peut-être qu’il y aura un accord de libre échange USA/Royaume-Uni, mais cela n’arrivera pas de sitôt. (…) Le Royaume-Uni sera en queue de peloton », a lancé Barack Obama lors d’une conférence de presse à Londres aux côtés du Premier ministre britannique David Cameron.
 

La menace d’Obama contre le Royaume-Uni

 
Le président américain, qui faisait halte à Londres à la veille d’une réunion en Allemagne avec Angela Merkel, François Hollande, David Cameron et Matteo Renzi, pour évoquer « les grands sujets internationaux », a ainsi directement mis les pieds dans le plat sur la question du Brexit, pour laquelle il s’était contenté jusqu’ici de marquer une opposition de principe.
 
« Nous sommes concentrés sur les négociations avec le grand bloc », c’est-à-dire l’Union européenne, a-t-il poursuivi. « Les Etats-Unis veulent un Royaume-Uni fort comme partenaire. Et le Royaume-Uni excelle lorsqu’il contribue à diriger une Europe forte », a-t-il encore insisté.
 
Dans une tribune accordée au Daily Telegraph, il précise que « l’Union européenne ne diminue pas l’influence britannique – elle l’amplifie ».
 
On doute que Barack Obama emploie les mots au hasard. Aussi bien, lorsqu’il parle du Royaume-Uni pour « diriger » l’Europe, cela devrait-il mettre la puce à l’oreille de certains de nos dirigeants, et l’on doute qu’Angela Merkel ne l’ait pas perçu comme un avertissement. Ou un problème.
 

L’intérêt américain contre le Brexit

 
Cela dit, on peut se demander quel est l’intérêt immédiat de Barack Obama dans cette question du Brexit. C’est David Cameron qui a, en quelque sorte, donné la réponse à cette question fondamentale en soulignant que le traité de libre échange commercial, le fameux TTIP en cours de négociation entre les Etats-Unis et l’Union européenne, serait vital pour les Européens : « Nous travaillons dur pour faire avancer [ce projet] parce que cela ferait gagner des milliards à nos économies et donnerait l’exemple au reste du monde. »
 
On comprend la position de David Cameron dont le pays serait exclu de cet accord et de ses fluctuations économiques si son pays venait à quitter l’Union européenne.
 
On comprend, de la même façon, celle de Barack Obama qui ne tient pas à finir son dernier mandat sur un (nouvel) échec sur la voie du mondialisme économique.
 
Or la progression de l’euroscepticisme au Royaume-Uni et dans d’autres pays remet évidemment en cause la capacité de Bruxelles à signer ledit accord. Ce qui, pour le président américain, serait donc une mauvaise nouvelle.
 

Ingérence et incohérence

 
Néanmoins, et on peut le comprendre, ses propos n’ont pas plu aux partisans du Brexit, qui ont dénoncé, dans les propos de Barack Obama, une insupportable ingérence politique.
 
Dans les colonnes du Sun, le maire de Londres a accusé le président américain d’« hypocrisie » et d’« incohérence », déclarant que les Etats-Unis n’accepteraient jamais pour eux-mêmes les limitations de souveraineté que les membres de l’Union européenne ont été obligés de consentir.
 
« Que les Etats-Unis nous disent que nous, au Royaume-Uni, devons céder le contrôle d’une bonne partie de notre démocratie est un exemple stupéfiant du principe “Faites ce que je dis et non ce que je fais” », a lancé Boris Johnson.
 
« Obama n’aime pas beaucoup les Britanniques. Son grand-père a grandi au Kenya, une ancienne colonie britannique. Ça lui reste en travers de la gorge », a déclaré sur le même ton Nigel Farage, patron de l’UKIP, qui a dénoncé « une ingérence malvenue de la part du président américain le plus anti-britannique qui ait jamais existé ».
 

L’avis des indécis

 
A l’opposé, le clan européiste s’est félicité des propos du président américain, estimant qu’ils pouvaient faire basculer les indécis.
 
Ce n’est pourtant pas si sûr. Selon un sondage réalisé par Sky Data, si 25 % des Britanniques se déclarent plus enclins à voter pour le maintien dans l’Union européenne au lendemain du discours de Barack Obama, 60 % d’entre eux jugent qu’il n’a pas à intervenir dans le débat.
 
Rendez-vous le 23 juin !
 

François le Luc