Bruxelles veut des quotas de migrants

Bruxelles veut des quotas de migrants
 
Face à la multiplication d’arrivées de migrants, le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker entend organiser leur répartition parmi les Vingt-Huit Etats-membres de l’Union européenne, selon des critères objectifs, afin de répondre à leur « besoin de la protection internationale ». Mais la question des quotas de migrants a toujours soulevé nombre de réactions, et il ne suffit pas que Bruxelles s’en empare pour qu’elle soit résolue…
 
L’annonce du président de la Commission européenne ne constitue en rien une surprise. Jean-Claude Juncker l’avait déjà faite au Parlement européen, à Strasbourg, fin avril. En habituant les responsables européens à cette idée, il veut les pousser à prendre en charge les réfugiés et demandeurs d’asile qui arrivent dans les ports maltais, grecs et italiens, pour effacer notamment la mauvaise image donnée par les naufrages de ces derniers mois.
 

Bruxelles veut régler les problèmes d’immigration

 
Mais comment y parvenir lorsque l’on constate que, aujourd’hui, cinq pays, dont la France, l’Allemagne, la Suède et l’Italie, reçoivent le plus de demandes d’asile, selon les chiffres du Haut-Commissariat aux réfugiés ? Le système « permanent » proposé par Jean-Claude Juncker contraindrait les Vingt-Huit à se répartir les « personnes qui ont clairement besoin de la protection internationale » selon des critères objectifs : taille du pays, richesse (en fonction du PIB), nombre de demandeurs d’asile déjà accueillis, taux de chômage, etc. si l’on en croit certaines fuites qui inquiètent les capitales.
 
Au point que Bruxelles se réfugie derrière le fait qu’il ne s’agirait que de simples réflexions de travail. « Il faut prendre ces versions avec distance », explique un porte-parole de l’institution. Nombre de capitales rechignent en effet devant le caractère contraignant et permanent de telles propositions, qui va à l’encontre de l’idée défendue lors du Sommet extraordinaire sur la migration en avril, à savoir celle d’un mécanisme d’urgence, à la fois temporaire et volontaire.
 
Parmi les oppositions les plus visibles, on retiendra celles du Royaume-Uni (dont les récentes élections sont censées avoir marqué la limite de la capacité des Britanniques à accueillir), la Pologne et la Hongrie. Le premier ministre hongrois Viktor Orban n’y a pas été par quatre chemins en dénonçant une idée « folle ».
 

Les quotas de migrants pour légaliser un problème ?

Jean-Claude Juncker n’en a cure. « Il faut ouvrir les portes pour éviter qu’on entre par les fenêtres, affirme-t-il. Si nous n’ouvrons pas, ne fût-ce qu’à moitié, la porte d’entrée, il ne faut pas faire le surpris lorsque des malheureux de la planète entière entrent par effraction par la fenêtre. »
 
Il est sûr qu’en déclarant que tous les migrants entrent légalement en Europe, il n’y aurait plus d’immigration irrégulière. Mais le résultat serait strictement le même…
 

François le Luc