FANTASTIQUE Budori
Cinéma

budori

 
Budori est un petit chat, qui grandit au fil de l’histoire. Il vit sur une grande île aux hivers froids, qui rappelle Hokkaido, peuplée ici exclusivement de félins anthropomorphes. Ce dessin animé devrait s’adresser a priori au jeune, voire très jeune public. Mais ce n’est pas si simple. Budori contient en fait trois films, dont la succession pose des problèmes, même si on peut y voir trois âges de l’enfance à l’âge adulte. Le premier tient de la pastorale montagnarde, accessible aux plus jeunes. Le deuxième transforme complètement les premiers tableaux en une forme d’univers de la souffrance humaine, transposée chez des chats, combinant hivers interminables et famine qui frappent tous les proches de Budori. La transposition en un univers fantastique de certains décès, risque de déconcerter les enfants, qui ne connaissent pas tous à fond le monde des morts de la mythologie shinto. Ce dernier se caractérise par un caractère sombre, peuplé d’êtres difformes, avec des règles peu claires pour les vivants. A la famine des montagnes succède pour le survivant Budori un monde un peu plus lumineux de rizières, avec un travail d’ouvrier agricole. Cette deuxième partie s’adresse aux grands enfants ou adolescents. Enfin, vient ce qui peut intéresser adultes et adolescents, un troisième film, bâti autour d’une vaste ville de science-fiction rétroactive, le futur tel qu’il a pu être imaginé en 1910. Pour le coup l’imagerie féline perd de sa pertinence. Les petits enfants sont perdus depuis très longtemps, et difficilement tenables. On parle d’expérience.
Le spectateur adulte, qui choisira impérativement une heure tardive pour éviter d’avoir 50 % de moins de 6 ans bruyamment désemparés dans la salle, pourra s’intéresser véritablement à cette troisième partie. C’est certes bien tard. De grands panoramas d’une ville originale sont proposés, avec une ménagerie plaisante de machines volantes à base de dirigeables. Budori travaille à l’étude des volcans, chose bien sympathique. Budori manifeste l’ambition japonaise, perceptible depuis quelques années, de maîtriser la force des volcans, les aménager, épargner les vies humaines, capter l’énergie, et même, suivant la mode actuelle, corriger le climat. L’animation s’avère de qualité. Reste le problème majeur de continuité de la narration et de la nature des publics visés.