Café Society est le dernier film, le film annuel de 2016 du prolifique réalisateur américain Woody Allen. Du fait de l’abondance de sa production, il n’est pas toujours au sommet de son art. Dans Café Society, il cultive une de ses veines, celle du drame historique, du moins du drame situant des personnages fictifs dans un cadre historique précis. Ce film rappelle donc quelque peu, en mieux, car l’histoire racontée est tout de même un peu plus consistante, Minuit à Paris (2011).
 
Ici, il s’agit essentiellement d’une description, à travers une galerie de personnages, du monde d’Hollywood des années 1930, en connexion avec New York. En arrière-fond, il y a la grande crise, présente à travers les destins contrariés de personnages secondaires. Woody Allen peut donc évoquer deux de ses cadres favoris. La majorité des personnages appartient en outre à la communauté juive, évidemment très familière au réalisateur : il la présente avec une approche sympathisante, amusée, mais pas outrancièrement hagiographique. Elle a eu ses artistes, ses intellectuels compliqués sinon tordus, ses gens droits, mais aussi bien des caractères plus faibles, et même des bandits, en particuliers dans la mafia new-yorkaise. Café Society a le mérite de rappeler la très nette surreprésentation de la communauté juive dans le milieu du cinéma de l’époque.
 

Café Society ravira le spectateur bienveillant

 
Woody Allen connaît parfaitement son métier, dirige à la perfection des acteurs bien connus. Le spectateur retrouve avec plaisir Jesse Eisenberg, dans le rôle du personnage principal ; il est probablement un des meilleurs, sinon le meilleur acteur américain aujourd’hui. Le décor des années 1930 est reconstitué assez exactement. Les meubles en particulier sont superbes. L’amateur de cette époque, ou de ses réalisations artistiques, passera un excellent moment. Il y a une seule faiblesse majeure à relever dans Café Society : l’intrigue est fort banale, et pour tout dire d’un intérêt limité. Un jeune homme juif de New York est envoyé par sa mère trouver du travail chez son frère à Hollywood ; après quelques semaines de mauvaise humeur, l’oncle finit par s’exécuter. Toutefois, le jeune homme se rend compte qu’il ne percera pas à Hollywood. Il y connaît en outre une grande déception amoureuse. Il se décide alors pour un retour à New York, en ouvrant une boîte de nuit, financée par son frère gangster.
 
Café Society n’est pas une œuvre majeure de Woody Allen. Mais le spectateur bienveillant passe un fort bon moment.
 

Hector Jovien