Le scandale des carnavals en plein carême en France

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Carnaval de Nice.

 
Le carnaval tient de la tradition populaire en pays catholique. Le terme, à l’étymologie parfois discutée, serait d’origine italienne, hypothèse de loin la plus crédible et documentée, sous la forme originale de carnavale. Carnavale signifierait avaler de la viande – carne. En effet, lors du carême, les quarante jours de jeûne et d’abstinence avant Pâques, strictement appliqué au Moyen-Age ou à l’époque classique, le fidèle catholique ne mangeait aucune viande. Le carnaval renverrait donc au dernier repas de viande avant quarante jours, c’est-à-dire à une fête avant tout gastronomique, devenue par la suite un défilé festif doublé de bals masqués.
 
Pourquoi ces spectacles singuliers ? A quelles dates peuvent-ils se tenir, en France ou à l’étranger ?
 

Le carnaval, un héritage des saturnales et des lupercales romaines ?

 
De la fête gastronomique, il y a eu, à une époque très incertaine, un glissement vers une fête plus générale. Les costumes de types extravagants, ou déguisements, ont été l’objet de contestations par l’Eglise dès l’origine. Ils rappellent d’un certain point de vue les saturnales, en l’honneur de Saturne, dieu païen romain de l’agriculture, du temps et de la mort. Les comportements anormaux peuvent renvoyer aussi aux lupercales, fête païenne romaine célébrée les 13 et 15 février, ce qui correspond certaines années aux dates précédant immédiatement le carême. Lors des lupercales, des participants contrefaisaient des loups d’où le nom, en imitant les hurlements de l’animal, avec tenues allant de la nudité au costume de loup. Les lupercales ont été interdites par le pape Gélase Ier en 494, et les survivances directes combattues régulièrement durant au moins le siècle suivant.
 
Lors de la définition des carnavals modernes au XVIème ou XVIIème siècles, particulièrement en Italie, il a pu y avoir une recontamination de traditions païennes oubliées via les érudits antiquisants des villes italiennes, ou plus précisément leurs étudiants, en particulier à Bologne ou Padoue en Italie du Nord.
 

Le carnaval, une tradition vraiment catholique ?

 
L’Eglise catholique a toujours été, au mieux, fort réservée sur le carnaval. La fête collective ne doit en effet pas déboucher sur une manifestation immorale, qui constitue un débordement trop fréquent.
 
Une pratique en particulier a été constamment condamnée par les autorités de l’Eglise, celle des travestissements malhonnêtes, en soi ou dans les intentions. L’intention malhonnête est celle permettant des rencontres en aveugle avec des déguisements, oubliant éventuellement les liens sacrés du mariage. Le carnaval a ainsi souvent été dénoncé comme occasion de débauches.
 
Pire que tout, les travestissements d’hommes en femmes, ou inversement, sont explicitement condamnés par les Ecritures, dès l’Ancien Testament, dans le Livre du Deutéronome, 22,5 : « Une femme ne portera pas des vêtements d’homme ; un homme ne s’habillera pas avec un manteau de femme, car quiconque agit ainsi est une abomination pour le Seigneur ton Dieu. »
 
Ces interdictions ont toutefois été massivement violées, comme l’atteste leur constant renouvellement. L’Inquisition vénitienne n’a pas réussi à moraliser les carnavals de Venise, réputés pour leur débauche au XVIIIème siècle. Toutefois, cette réputation particulière indique le caractère limité, sinon l’absence, des francs débordements réprouvés par la morale chrétienne ailleurs.
 

Une géographie mondiale des carnavals marquée par un héritage catholique

 
Pourtant le carnaval, qui a connu une renaissance au XIXème siècle, fait longtemps figure de marqueur du catholicisme culturel populaire. Cette renaissance a eu lieu dans un esprit avant tout folklorique, avec chars et costumes. Le folklore, volonté de restaurations de traditions populaires, se diffuse en effet largement à cette époque, en Europe du moins. Puisque le carnaval est associé à un folklore catholique, il est donc banni dans les pays protestants, et pas ou peu présent dans les pays d’origine catholique mais assez indifférents, comme la plupart des provinces de France.
 
Ainsi, en Allemagne, les régions protestantes ne célèbrent pas le carnaval, du moins historiquement, au contraire des seules régions catholiques, en particulier la Rhénanie. Dans la Rhénanie annexée par la Prusse protestante en 1814-1815, le carnaval peut même apparaître alors comme la manifestation d’une résistance culturelle catholique à la nouvelle domination protestante de Berlin.
 
Parmi les carnavals les plus célèbres dans le monde figurent ceux du Brésil ou du Mexique, singulièrement ceux des capitales historiques de ces deux Etats anciennement colonisés par l’Espagne et le Portugal, Mexico et Rio de Janeiro. Ces spectacles latino-américains sont hélas aujourd’hui incompatibles avec la morale catholique, même pour un esprit large et compréhensif quant aux traditions populaires. Le carnaval de Mexico voit la multiplication des costumes rendant hommage aux fausses divinités aztèques, plus ou moins camouflées, parfois sous les traits de saints catholiques, souvent effrayantes, morbides, tandis que celui de Rio tourne à l’exhibitionnisme sexuel, avec des nudités jamais totales – hypocrisie brésilienne typique – mais nettes, et avec des connotations souvent contre-nature.
 
Il reste que ces défilés ont très généralement lieu avant le carême. A défaut de larges pénitences collectives des populations, une décence évidente, un respect traditionnel, exigent de ne pas empiéter sur le carême. Cette année, le carnaval de Rio a eu lieu le 9 février, et celui de Mexico du 3 au 9 février, soit toujours avant le mercredi des Cendres, premier jour du carême. Ce respect du calendrier n’est plus du tout présent en France.
 

Des dates de carnavals en France tombent systématiquement en plein carême !

 
Rappelons que cette année, la date de Pâques est le dimanche 27 mars. Le carême s’étend donc sur 40 jours avant Pâques, soit du mercredi 10 février au samedi 26 mars.
 
Or en France les dates de carnavals sont assez systématiquement proposées en plein Carême. Nous avons relevés de nombreux exemples :
 
Albi : du 27 février au 6 mars ;
 
Annecy : du 16 au 21 février ;
 
Bordeaux : le 6 mars ;
 
Dunkerque : du 6 janvier au 10 février (presque dans les bonnes dates, avec le problème du seul 10 février) ;
 
Menton : du 14 février au 2 mars ;
 
Nantes : du 3 au 9 avril ;
 
Nice : du 13 au 28 février ;
 
Paris : du 7 février au 6 mars.
 
Parmi les rares bonnes dates, signalons les Antilles, avec Pointe-à-Pitre (Guadeloupe), du 7 au 9 février.
 
Toutes les animations proposées ne sont pas indécentes en soi, avec des parades d’enfants costumés ou des lancers de fleurs (spécialité niçoise), mais le moment choisi reste absolument mauvais, en ce temps de pénitence et de recueillement, ou du moins de respect pour les traditions catholiques qui devrait imposer l’absence de défilés festifs pendant cette période.
 

Une provocation voulue contre le catholicisme ?

 
Pourquoi ces dates aberrantes en France ?
 
Parmi les éléments invoqués figure l’aspect pratique de dates fixes pour les événements carnavalesques, à opposer à la mobilité des dates de Pâques et donc des périodes de carême. Le mépris absolu de la tradition chrétienne est déjà absolument manifeste. Mais ce supposé aspect pratique difficile à défendre : les dates des carnavals varient en effet selon les années.
 
Un autre argument avancé est celui du climat : des carnavals plus tardifs dans l’année permettraient d’assurer un temps plus clément, plus doux et chaud. Il serait valable pour un carnaval décalé après le carême, à la fin du printemps ou en été. Si l’on reprend les dates indiquées, février à Paris ou Annecy, cela est tout sauf une garantie de douceur des éléments, et même s’il fait meilleur à Nice, il ne fait pas aussi beau qu’en mai ou juin.
 
La démonstration par l’absurde est donnée par la date du célèbre carnaval de Notting Hill, à Londres : il aura lieu cette année du 29 au 31 août ! A de telles dates, il n’y a plus de problème de carnaval en plein carême. Un défilé festif en août mériterait-il l’appellation de « carnaval » ? La chose se discute, mais il n’y a pas dans cette date d’intention antichrétienne implicite ; l’exploitation politique dans le sens de la célébration du multiculturalisme ne rend pas cet événement londonien inoffensif ou insignifiant pour autant.
 
Ainsi, il est vraiment difficile de ne pas voir dans le scandale des carnavals en plein carême en France une provocation délibérée, rarement affirmée en tant que telle, mais indéniable. L’origine est sans doute la même que les festins du vendredi saint, avec la tête de veau, à l’occasion de ce jour de jeûne et d’abstinence en commémoration de la crucifixion et de la mort du Christ – qui ressuscite trois jours plus tard à Pâques.
 
Les manifestations de haine antichrétienne figurent dans certains défilés : ainsi, à Bayonne, un évêque a été brûlé en effigie, le 22 février. Cet événement basque a donc eu lieu en plein carême. Le mannequin aurait visé spécifiquement Mgr Aillet, évêque de Bayonne, publiquement opposé à l’avortement de masse. Cette dernière prise de position publique devrait aller de soi pour tout évêque en France ; il faudrait croire que non, puisque l’extrême-gauche et la gauche locales, avec la complicité active des médias, insultent régulièrement et avec agressivité ce prélat. Devant les quelques protestations reçues malgré tout, les organisateurs ont évoqué le droit à l’humour, à la dérision… La réponse a été simple : imagine-t-on le hourvari si par « humour » des mannequins d’imams, ou de rabbins, avaient été incendiés ? Poser simplement la question, c’est déjà y répondre.
 

Des carnavals aux gay-prides, les nouvelles processions de l’anti-morale triomphante

 
Il y a donc indiscutablement en France une haine spécifique de l’Eglise catholique qui s’exprime dans ces dates de carnavals, et souvent lors des défilés.
 
A travers ces carnavals, un élément de culture populaire chrétienne traditionnelle est retourné contre l’Eglise. Si des défilés pour enfants ou folklores authentiques – comme les batailles de fleurs à Nice – restent en principe familiaux, le pire a souvent lieu avec des moqueries systématiques des costumes religieux catholiques.
 
Le sommet de l’abomination, esthétique et moral, de ces « carnavals » antichrétiens est atteint dans les trop fameuses « gay-prides ». Il s’agit de ces défilés d’homosexuels militants en tenues extravagantes, fort dénudés souvent, aux gestes explicites. Ils tiennent lieu de processions quasi officielles dans l’atmosphère de triomphe de l’Anti-Morale systémique qui détruit l’Europe et l’Amérique du Nord, et tend actuellement, hélas pour elle, à se répandre aussi en Amérique latine.
 

Octave Thibault