La Chine à Bruxelles : libre échange entre Pékin et l’UE d’ici 2020

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L’institut de réforme et de développement chinois et le CEPS (centre européens d’études politiques) ont lancé les bases d’un accord de libre échange entre Pékin et l’UE qui devrait aboutir d’ici 2020. Sous la « bonne volonté » de la Chine perce un désir manifeste de s’installer en Europe.
 
Le séminaire organisé jeudi à Bruxelles par le CEPS et l’institut de réforme et de développement chinois avait pour invité d’honneur Pascal Lamy, ancien commissaire européen et ancien directeur de l’OMC, l’Organisation mondiale de la santé : c’est dire que cette réunion de think tanks influente prépare et annonce la prochaine phase, qui sera opérationnelle, au niveau des Etats ou groupes d’Etats. Chi Fulin, président du groupe de recherche chinois, a exhorté les dirigeants européens et chinois à se montrer « courageux et visionnaires » en préparant un accord de libre échange rapidement : « Je suggère fortement que les dirigeants des deux côtés définissent un calendrier des pourparlers dès leur prochaine réunion à Pékin le mois prochain et je propose la date de 2020 pour la conclusion des négociations. »
 

Pékin veut son traité de libre échange avec l’UE

 
Le calendrier et la méthode sont ainsi clairement exposées, en fonction du prochain sommet qui doit avoir lieu entre l’UE et la Chine à Pékin, et les principes sur lesquels se fondent les deux think tanks non moins lumineux : « Le résultat de nos recherches a clairement établi que l’économie des Chinois et celle des Européens bénéficieront toutes deux grandement d’un accord de libre échange si nous en exploitons le potentiel au bon moment et de façon appropriée ». Et d’ajouter : « Les deux parties devraient au moins annoncer une étude de faisabilité au sommet de juillet ».
 
Du côté du centre de réflexion européen, l’un des patrons du CEPS, Jacques Pelkmans, dans son introduction à la conférence « La route de la soie de demain : établir un traité de libre échange européo-chinois », a estimé « énorme » le potentiel d’intensification des relations économiques entre la Chine et l’UE.
 

La Chine menace Bruxelles : accord d’ici 2020, sinon…

 
Mais côté chinois, la demande est nettement plus pressante, pour ne pas dire menaçante. Chi Fulin a dressé la liste de six « priorités » qui exigent d’urgence des résultats concrets, c’est-à-dire un traité de libre échange avant 2020, « l’approfondissement de la coopération douanière, les services financiers, les techniques liées à l’environnement, le commerce en ligne, l’investissement dans les infrastructures et les approvisionnements gouvernementaux ».
 
Et Lu Fengding, vice-président de l’association diplomatique chinoise, a parlé de la nécessité de maintenir la croissance par le biais du libre échange « spécialement pour l’UE, qui vient de faire face à de nombreux défis. » Et de citer la difficile gestion de la dette. Il a ajouté que « la Chine veut toujours offrir l’aide nécessaire à l’UE pour sortir de ses difficultés (…) mais (que) l’UE n’a pas toujours répondu de façon appropriée à la bonne volonté des Chinois ». Au cas où ses interlocuteurs n’auraient pas compris le message il a conclu, en prévision du sommet de Pékin : « Nous sommes inquiets devant la montée du protectionnisme en Europe et j’espère que les deux côtés en prendront bonne note. Dans ce contexte, discuter de libre échange prend tout son sens. » Ouvrez nous la porte ou nous seront regardants sur la question des dettes souveraines. A bon entendeur, salut !
 

Pauline Mille