La Chine lance une « campagne nationale » pour mieux assurer la surveillance de la publicité sur Internet

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Déjà championne en matière de surveillance d’Internet, la Chine de Xi Jinping renforce actuellement sa réglementation sur les contenus en ligne, visant particulièrement la publicité en ligne à contenu « sensible » sur le plan politique. Dans le cadre de cette nouvelle campagne nationale, les autorités auront un droit de regard sur les 1.000 sites les plus importants accessibles sur le Web chinois, ainsi que 1.000 sites de médias régionaux ou nationaux, 1.000 applications mobiles et 1.000 comptes publics sur les différents réseaux sociaux chinois.
 
Cette campagne tirée au cordeau selon les habitudes de la planification communiste (pourquoi tous ces « 1.000 » ?) ne mobilise pas moins de 11 ministères : l’administration d’Etat pour l’industrie et le commerce, le Bureau du groupe conducteur pour les affaires du cyberespace et le ministère de la sécurité publique sont ainsi impliqués, tous étant bien sûr soumis au parti communiste chinois.
 

La Chine de Xi Jinping institue la surveillance systématique de la publicité sur Internet

 
L’objectif est de « nettoyer l’environnement en ligne » pour éliminer le plus rapidement possible tous les contenus « politiquement sensibles » – l’expression est celle du quotidien anglophone contrôlé par le PC, Global Times –, ou qui menacent l’ordre et la santé publics. Ce qui laisse beaucoup de place à l’imagination. Cela passera par une « rectification » et une correction » qui a déjà fait l’objet d’une campagne spéciale de la part de l’administration d’Etat pour l’industrie et le commerce avant que la mise en œuvre du plan général n’ait lieu.
 
La surveillance ne se limitera en réalité pas aux seules publicités, puisque des jeux Internet ainsi que les vidéos détournant des personnages de dessins animés populaires sont également visés – Winnie l’Ourson ne symbolise-t-il pas Xi Jinping dont la pensée est désormais de valeur constitutionnelle ? Winnie qui se définit lui-même comme « un ours avec peu d’esprit »…
 
La campagne cherche également à faire cesser la pratique des garanties de prêts sous forme de photos de nus – une société pratiquant cette curieuse activité, Qiangcheng Technology, vient ainsi de se faire infliger une amende de quelque 100.000 euros pour avoir publié des textes et des photos « vulgaires » sur son compte Weibo, tandis qu’une société de nettoyage à sec a dû payer 75.000 euros pour avoir fait figurer l’image de responsables politiques nationaux dans ses publicités.
 

Une campagne nationale de surveillance

 
Bref, c’est une réglementation fourre-tout qui se met en place, offrant des pouvoirs toujours plus étendus à l’administration communiste qui cherche à améliorer sa capacité à intervenir directement sur les sites tout en renforçant l’efficacité de ses outils de surveillance. On encourage les internautes chinois à signaler les contrevenants aux autorités qui, par ailleurs, prévoient d’alourdir les amendes pécuniaires « afin que les peines dépassent les gains potentiels ».
 
La nouvelle campagne s’ajoute au renforcement précédent de la censure, et notamment la dernière en date qui bloque sur les réseaux sociaux toutes sortes d’expressions susceptibles d’être employées pour critiquer le pouvoir.
 
Depuis l’accession au pouvoir de Xi Jinping, les mesures de surveillance d’Internet se sont multipliées. Plus de 13.000 sites ont été fermés d’autorité par le pouvoir entre 2015 et la fin de 2017, selon un compte établi par Reuters : l’agence affirme que sur la même période, plus de 10 millions de comptes personnels sur les réseaux sociaux ont été supprimés par le pouvoir. Au cours de la seule année 2015, 15.000 personnes ont été arrêtées dans le cadre de la répression de la « délinquance sur Internet » en Chine.
 

Censure sur l’Internet en Chine pour éviter les messages « politiquement sensibles »

 
La plupart des connexions Internet en Chine sont sous contrôle direct du pouvoir communiste qui a affiné sa censure à travers une armée de censeurs officiels chargés de surveiller les échanges. A eux aussi de s’assurer que les contenus « dissident » soient très rapidement enlevés des sites.
 
Même les sociétés étrangères présentes en Chine font diligence pour ne pas contrevenir à la réglementation : Breitbart News rappelle que la chaîne Marriott a plié devant l’exigence de ne plus faire figurer ses hôtels dans des pays comme Taiwan, Hong Kong et Macao dans ses menus accessibles depuis la Chine communiste, tandis que Mercedes-Benz s’est fait retoquer pour avoir cité le dalaï-lama sur son compte Instagram. Là encore, Mercedes n’a pas résisté, enlevant les propos jugés insupportables par le pouvoir en Chine alors même qu’ils avaient été publiés en dehors de ce pays.
 

Anne Dolhein