La Chine a injecté près de 100 milliards de dollars dans son économie

Chine injecté 100 milliards dollars économie
 
C’est surtout par le biais de la Banque centrale chinoise (PBOC) que la Chine tente de peser sur son économie en déclin à l’heure où les bourses chutent de manière inquiétante. Nous rapportions hier les doutes d’analystes quant à la capacité ou la volonté de la Chine d’intervenir. En l’occurrence ce sont 100 milliards de dollars qui ont été injectés dans l’économie, et la Banque centrale de cet Etat communiste y joue exactement le même rôle que dans les autres économies mondiales. Mais, semble-t-il, sous l’impulsion du gouvernement.
 
La PBOC a fait des apports de 48 et 45 milliards de dollars respectivement à la China Development Bank et à l’Export-Import Bank of China, selon des sources officielles. L’objectif affiché est de renforcer les capitaux de ces deux institutions.
 

La Chine a des réserves colossales : 100 milliards pour son économie, une broutille ?

 
A cela s’ajoutent des facilités de prêts supplémentaires accordés à 14 institutions financières pour « maintenir le niveau de liquidités ». Ces prêts seraient destinés en priorité à « l’économie réelle » : « petites entreprises, le secteur agricole ». La croissance insolente affichée jusqu’ici par l’économie chinoise n’était-elle donc fondée que sur du vent ? En tout cas, selon un analyste de la Barclays, « Les fonds libérés par le biais de ces précédents assouplissements monétaires n’arrivaient pas à l’économie réelle. La plupart se retrouvaient bloqués dans les institutions financières et venaient gonfler les marchés boursiers. »
 
Les marchés dopés par les investisseurs encouragés à s’endetter pour acheter des actions, n’ont pas reflété le réel essoufflement chinois qui se traduit pourtant de manière très visible dans la baisse de la valeur des matières premières.
 
Alors qu’elle risque d’afficher une croissance inférieure à 7 % (voire bien plus basse en termes réels) la Chine peut encore s’appuyer sur des réserves de change colossales, les plus importantes au monde) à 3.650 milliards de dollars fin juin, 80 milliards de moins que fin mars. Trois fois plus que ses dettes en devises.
 

La Chine a injecté 100 milliards dans une économie qu’elle a d’abord muselée

 
L’analyste du Telegraph, Ambrose Evans-Pritchard, est même venu contredire la panique mondiale en affirmant que la crise actuelle en Chine est une « fausse alarme » que les autorités chinoises ont pu créer de toutes pièces à travers un choc monétaire et fiscal. Le Keqiang, explique-t-il, voulait faire crever la bulle immobilière et mettre fin à la dépendance par rapport au crédit : « Les autorités y sont allées un peu trop fort. »
 
« Le gouvernement communiste est revenu à sa pratique habituelle du stimulus » – mais à grande échelle, selon l’analyste. Il assure que la valeur de la propriété immobilière, qui représente le quart de la richesse chinoise, est de nouveau à la hausse, à la faveur d’une baisse réglementaire du dépôt initial passé de 60 à 40 % et des taux d’intérêts ont été baissés à quatre reprises. De son avis, la baisse du yuan découplée du dollar n’est qu’une manœuvre chinoise pour se protéger de la hausse prévisible de la monnaie américaine avec la remontée des taux annoncée par la Fed.
 
Ce n’est pas encore l’heure du jugement, estime-t-il… même si les exportations chinoises continuent de chuter ; mais c’est au moyen d’un resserrement qui profite à l’économie interne moins dépendante des importations. Et si bien des indicateurs sont mauvais, la Chine peut jouer avec ses réserves, quitte à les réduire à néant.
 
Crise chinoise, crise mondiale, répit ou reprise ? Nous sommes en tout cas dans une situation d’interdépendance provoquée dont la Chine semble pourrait bien ne pas être la première victime.
 

Anne Dolhein