La Chine utilise l’intelligence artificielle pour surveiller via ses caméras les piétons et les véhicules

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Il y avait déjà des caméras à reconnaissance faciale pour admonester ceux qui osaient traverser en dehors des clous ou pour limiter le vol de papier hygiénique dans les toilettes publiques… Dorénavant, c’est tout le réseau national de surveillance visuelle dans les villes chinoises qui sera équipé d’un logiciel de reconnaissance faciale. Cette technologie d’intelligence artificielle donnera ainsi à la police tout loisir de ficher et surveiller le moindre citoyen chinois.
 

Contrôle : 176 millions de caméras en Chine pour tout surveiller

 
Selon un documentaire récent réalisé par State broadcaster de Central China Television, 20 millions de caméras en sont déjà équipés, et pistent tout un chacun, de son domicile à son travail et dans tous les lieux publics. On imagine la suite lorsque les 156 millions de caméras restantes réparties sur le territoire en seront dotées – il y en a en tout 176 millions selon Forbes
 
Grâce à ce système couplé, l’intelligence artificielle peut identifier et « étiqueter » les voitures de particuliers, les cyclistes et les piétons avec des informations distinctives qui peuvent être stockées et faire l’objet de recherches si besoin. Elle identifie le genre, l’âge et les vêtements des passants. Sait même faire la distinction entre les véhicules motorisés et non motorisés.
 
Déjà utilisée dans les zones d’aéroports, les collèges, les systèmes de crédit social, ou encore les livraisons effectuées par des robots, la reconnaissance faciale envahit littéralement la société sous le motif d’identification sécurisée. Ce qui n’est pas faux mais limite la gamme des objectifs… Associée aux caméras de surveillance, c’est un outil de contrôle immense. D’autant qu’elle peut être utilisée en parallèle avec la technologie « Skynet » capable de suivre une personne en temps réel.
 

A terme, la prévision des crimes ? Plein phare, aussi, sur les activités dissidentes

 
La caméra devenue « intelligente » peut aussi analyser les mouvements et les comportements de tous les passants. Seront particulièrement surveillés les individus, par exemple, qui se rendent dans des magasins qui vendent des armes et qui empruntent ensuite les transports en commun.
 
« La police utilise un système de classement reposant sur le big data pour classer les groupes d’individus suspects en fonction de là où ils vont et de ce qu’ils font » rapporte le porte-parole de Cloud Walk Technology, société chinoise spécialisée dans la reconnaissance faciale. Le vice-ministre des sciences et de la technologie en concluait en juillet dernier : « Si nous utilisons correctement l’intelligence artificielle, nous serons capable de savoir à l’avance qui pourrait être un terroriste, qui pourrait faire quelque chose de mauvais ».
 
Crimes peut-être… mais aussi activités politiques dissidentes. Ces capacités de surveillance amplifiées, augmenteront de fait la coercition. Rien d’étonnant à ce que le Parti investisse autant que possible dans l’IA de ce secteur clé de la « sécurité nationale ».
 

L’intelligence artificielle au service de la « sécurité »

 
Pour cette opération de sécurité intérieure massive, le gouvernement invoque effectivement « la maintenance de la stabilité ». « Leur but est de surveiller ceux qu’ils considèrent comme des éléments instables, y compris les pétitionnaires et les dissidents », a déclaré la militante des droits de l’homme, Jia Pin.
 
Comme le notait l’activiste politique vétéran de Pékin Zha Jianguo, la technologie « peut être utilisée pour faire le bien et le mal »… « Il existe des caméras de sécurité partout à Pékin (…) Quand j’ai déménagé dans mon nouvel appartement dans une enceinte résidentielle, ils m’ont dit qu’un jour, la police était venue vérifier les images de surveillance où j’habitais ».
 
On dira qu’aux États-Unis, c’est la même chose… Certes, cette technologie de reconnaissance faciale y est utilisée pour identifier des criminels ou des terroristes via les photos disponibles dans les dossiers des personnes recherchées. Mais le réseau de caméras chinois est plus de trois fois plus grand. Et ses objectifs vont bien au-delà.
 

Caméras embarquées dans les taxis

Cette surveillance par caméra ne date pas d’hier – il y en avait déjà 7 millions, dans les villes, en 2010. Dès 2008, les taxis à Pékin en ont été équipés, ainsi que d’une technologie satellitaire qui transmet un flux audio direct de ce qui se dit dans la cabine à un ordinateur qui enchaîne avec une analyse linguistique.
 
Dans certaines villes, même, les caméras prennent automatiquement au moins une image de chaque occupant en tant que sauvegarde en cas d’activité criminelle ultérieure. En avril, on apprenait aussi que le gouvernement de la province du Zhejiang en Chine exigeait des églises locales d’installer des caméras de surveillances contrôlées par les autorités, au niveau des portes, des troncs d’offrandes, etc…
 
Toujours, officiellement, ce sera au nom de la lutte contre le terrorisme et pour la sécurité. On peut faire beaucoup, beaucoup de choses sous cette belle justification.
 

Clémentine Jallais