La Chine peine à obtenir une meilleure natalité : l’appel aux femmes quadragénaires

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La politique de l’enfant unique en Chine a laissé des traces durables dans la population qui s’est habituée à fermer la porte à la vie. Devant la menace d’une baisse considérable de la population active, tandis que le nombre et la proportion des personnes âgées ne cesse de croître, le parti communiste a « assoupli » la règle pour mettre en place une politique de tolérance du second enfant – qui reste au fond tout aussi tyrannique. Mais elle ne porte pas les fruits escomptés. La Chine peine à obtenir une meilleure natalité alors qu’elle cherche à passer à 1,8 enfants par femme. Ce sont surtout les femmes d’âge déjà un peu avancé par rapport à leur fertilité potentielle qui semblent entendre l’appel. Les femmes quadragénaires sont finalement celles qui profitent le plus d’une loi aux relents ouvertement politiques.
 
L’assouplissement de la politique de l’enfant unique devait, selon les autorités, permettre la naissance de 3 millions de bébés chinois supplémentaires dès la première année. 12 mois plus tard, l’objectif est loin d’être atteint, l’augmentation s’étant limitée à 1 million de naissances. Alors que le taux de fertilité était de 1,54 enfants par femme avant la mise en place universelle de la « politique des deux enfants » – qui connaissait déjà des exceptions dans les zones rurales et pour les personnes elles-mêmes enfants uniques – ce taux vient péniblement de remonter à 1,6. On s’attend d’ailleurs à ce qu’il se stabilise à peu près à ce niveau, ou tout au plus, à 1,7 enfant par femme.
 

La Chine face à sa bombe démographique

 
Le renouvellement des générations est assuré à 2,1 enfants par femme en âge de procréer dans les pays connaissant de bonnes conditions sanitaires : on en reste donc loin et à chaque nouvelle génération c’est à peu près le quart de la population qui manque à l’appel en Chine.
 
Pour celle-ci, c’est une situation dramatique puisque sa population active est déjà en chute libre. Elle comptait 1 milliard de personnes en âge de travailler en 2015. Elles ne seront plus que 958 millions en 2030, et 827 millions en 2050, selon les projections démographiques prises en compte par les autorités communistes. C’est une bombe à retardement qui conduira à ce que « la Chine sera vieille avant d’être riche », avec une importante population âgée réclamant soins et traitements alors même que le repli démographique jouera négativement sur la croissance et donc sur les fonds disponibles pour financer ce besoin croissant.
 

Obtenir une meilleure natalité par la politique des deux enfants

 
Aujourd’hui, les femmes chinoises, soumise au régime terrifiant des stérilisations et des avortements obligatoires, confrontés au coût souvent prohibitif des soins, y compris pour la maternité, et la volonté de faire carrière sans être entravées par le temps et le travail exigé par un enfant, se sont habituées au refus de la vie.
 
On note que ce sont surtout les femmes plus âgées qui ont profité des assouplissements mais souvent au prix de coûteuses procédures de fécondation in vitro et d’autres aides à la fertilité ; ce sont elles aussi qui ont les moyens de faire appel à des soins post-nataux de luxe qui connaissent un boom actuellement en Chine. Des médecins témoignent de demandes de 50, voire de 60 ans – celles qui ont les premières subi les affres de la politique de l’enfant unique instituée en 1979.
 

Les femmes quadragénaires répondent à l’appel, pas les plus jeunes

 
Le parti a fait une faute de goût en multipliant les tweets sur le déclin de la population active pour pousser les femmes à procréer. Les autorités du planning familial ont fini par les retirer, tant ils témoignent de la nature politique et autoritaire de mesures qui touchent les gens dans leur intimité, et qui se montrent peu enclins à suivre ces nouvelles injonctions après avoir appris pendant des années qu’il est « mal » d’avoir plus d’un enfant.
 

Anne Dolhein