POLICIER Chouf ♥♥


 
Chouf signifie en langue arabe « regarde ». Le titre en langue arabe est adapté à ce film policier se déroulant dans la banlieue septentrionale de Marseille, qui est de fait bilingue français-arabe. Elle est connue dans toute la France pour ses règlements de comptes sanglants entre bandits, tous plus ou moins liés au trafic de drogue. Ils ont pratiquement tous grandi sur place. Filmé sur les lieux, avec des acteurs locaux, Chouf propose une véritable immersion, sans risque pour le spectateur, dans une des plus célèbres zones de non-droit de France, mélange de Maghreb et d’Afrique noire, de culture musulmane, curieusement située en Provence. Le langage participe de l’immersion, avec un créole courant à base de français, prononcé avec l’accent provençal, mâtiné d’arabe populaire maghrébin. En faisant attention, on comprend toutefois la grande majorité des dialogues. Certes ceux en arabe auraient pu éventuellement être sous-titrés pour le public non-arabophone, mais en fait ils sont repris en français peu après avec de légères variations.
 
Chouf décrit l’aventure de Sofiane. C’est initialement, un jeune immigré-modèle, fierté de ses parents et sa nombreuse fratrie, étudiant en école de commerce à Lyon. Ses études supérieures lui ont permis de quitter physiquement sa cité, chose rare. A la fin de ses vacances, son frère, trafiquant de drogue au service du caïd local, sort justement de prison. Les retrouvailles sont une occasion de joie, évidemment. Mais peu après, il se fait assassiner. Sofiane refuse d’entendre les conseils de prudence de tous : qu’il reparte, achève ses études. Le caïd de la cité lui promet la vengeance, le moment venu. Sofiane veut comprendre, et en fait venger son frère. Il apprend peu de choses d’abord : le défunt a été victime d’une « embrouille » avec Farouk, concernant le « business ». Sur ce dernier sujet, règne en principe une loi du silence. Sofiane, en jouant de décennies d’amitiés dans la cité, finit par retrouver la trace dudit Farouk, proxénète en centre-ville . Il essaie de le tuer. Or n’est pas tueur qui en a la velléité. Cette tentative causera un engrenage qui broiera tous les personnages. Le caïd du frère de Sofiane, comme celui de Farouk, devront réagir.
 

Chouf nous fait voir l’inquiétant milieu marseillais

 
Le film policier est bien mené, en respectant les règles traditionnelles, avec quelques truands pittoresques gitans ou libanais, des policiers corrompus. Il se montre moral : le crime ne paie pas. La loyauté fraternelle entre jeunes de la cité, affichée, est dans les faits plus que sujette à caution. Chouf possède une valeur documentaire indiscutable. La situation sécuritaire à Marseille décidément inquiète. Si ces bandits invoquent facilement le Coran et Mahomet, ils ne sont absolument pas des islamistes convaincus ; on veut bien le croire. Pourtant, si certains d’entre eux le devenaient, avec leurs armes et leurs moyens financiers, il y aurait de quoi s’inquiéter bien plus encore.
 

Hector JOVIEN

 
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