Le CHU de Reims convoque la famille pour décider de la « fin de vie » de Vincent Lambert

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L’avis est parvenu aux membres de la famille de Vincent Lambert par lettre recommandée : son épouse et ses proches, sont convoqués le 15 juillet prochain pour discuter avec l’équipe médicale de l’avenir du jeune homme tétraplégique que l’on veut précipiter vers sa « fin de vie » au motif qu’il serait en état végétatif irréversible et qu’il « n’aurait pas voulu vivre comme ça ». Ce nouveau rebondissement – particulièrement brutal – intervient alors que la Cour européenne des droits de l’homme vient à peine de rejeter la demande de révision de l’arrêt en raison des « faits nouveaux décisifs » constatés par les membres de la famille de Vincent Lambert qui demandent le respect de sa vie : le fait qu’il peut manger et boire, fût-ce en petites quantités, par la bouche.
 
L’information a été donnée par une « source médicale » à « l’Obs » ; plusieurs journaux ont pu avoir accès à la lettre recommandée dans cette affaire où le secret médical semble avoir été définitivement oublié, alors que des parents souffrent de voir leur enfant condamné à mort par la justice et que Vincent Lambert lui-même est privé de ses droits les plus élémentaires, sans compter qu’il n’est pas du tout en fin de vie, comme l’a avoué Marisol Touraine récemment.
 
Le demi-neveu de Vincent Lambert, François Lambert, qui a transmis la lettre recommandée à la presse, a déjà fait savoir à la presse que la convocation est à son sens trop « consensuelle » : le CHU, en lançant une « nouvelle procédure » médicale où Pierre et Viviane Lambert ainsi que certains membres de la fratrie de Vincent pourront présenter leur point de vue, cherche à « ne se mettre personne à dos ».
 

La famille de Vincent Lambert convoquée par le médecin qui avait déclenché le premier arrêt de nourriture

 
La lettre est signée du Dr Ana Simon qui était vraisemblablement à l’origine de la toute première décision de priver Vincent Lambert de nourriture en avril 2013, et qui l’avait exécutée avec une consœur sans recevoir l’aval préalable du Dr Eric Kariger qui l’a pleinement « assumée » par la suite. Mais elle s’était également dispensée de prévenir Pierre et Viviane Lambert et ses frères et sœurs qui ont découvert la « procédure » imposée au jeune homme alors qu’il avait déjà passé 20 jours sans manger. Pour les parents de Vincent Lambert, cette nouvelle implication du Dr Simon constitue forcément un affront.
 
Elle pose aussi la question de la sincérité de cette nouvelle procédure « en vue d’une décision d’arrêt des traitements » : ce « conseil de famille » convoqué au 15 juillet se tiendra sous la responsabilité d’une personne qui a délibérément méconnu les droits de la famille en tentant de précipiter une première fois Vincent Lambert vers la mort. Pour ce qui est de recueillir « l’avis de chacun », on mesurera l’importance qui sera donnée aux avis déjà bien connus des parents de Vincent Lambert par rapport à la volonté affichée du Dr Simon de tenir « compte des constatations du Conseil d’Etat et de la Cour Européenne ».
 

La « fin de vie » de Vincent Lambert… qui n’est pas en fin de vie

 
Me Jean Paillot, l’un des avocats des parents de Vincent Lambert, regrette que la procédure se déroule au CHU de Reims qui n’a jamais cessé de favoriser l’option de la mort de Vincent Lambert : « Dommage que cette réunion ne se déroule pas dans un lieu plus neutre et avec une équipe médicale plus indépendante », a-t-il déclaré à « L’Obs ».
 
La diffusion de deux vidéos où l’on voit Vincent Lambert réagir et avaler de la nourriture par la bouche a déjà eu pour effet la mise en place de ce qui ressemble bien à une sorte de représailles : seuls ses parents et sa proche famille sont désormais autorisés à accéder à sa chambre où il est claquemuré par décision des autorités de l’hôpital. Il ne peut plus recevoir aucune visite d’amis. On n’est pas loin de le considérer comme déjà mort…
 

Le CHU de Reims ne peut pas décider de manière indépendante, relève l’avocat des Lambert

 
Laisser vivre Vincent Lambert ne mettrait pas en péril l’interprétation euthanasique de la loi Leonetti, déjà acquise tout au long d’une procédure qui l’a validée en tenant compte des travaux préparatoires de la loi : ils prévoyaient explicitement l’arrêt de la nourriture pour une personne qui ne serait pas en fin de vie mais qui le demanderait ou qui l’aurait demandé de manière anticipée par le biais d’un testament de vie. On pourrait fort bien constater l’absence de certitude quant à sa volonté pour décider de le remettre à ses parents, qui envisagent de demander son transfert dans un autre établissement alors que l’épouse de Vincent, Rachel Lambert, vit désormais loin de Reims, sans pour autant empêcher les médecins français de pratiquer l’euthanasie lente – particulièrement cruelle depuis que l’arrêt de l’hydratation a été approuvée dans le cadre d’une réévaluation de la loi Leonetti, pour la voir permettre de faire mourir de soif.
 
Alors pourquoi cet acharnement ? Parce que Vincent Lambert est devenu un symbole, un patient devenu familier des Français et dont l’histoire peut être manipulée à loisir afin de créer un « consensus » non pas familial, mais généralisé en faveur de sa mort. Certains médias osent dire qu’on va enfin s’intéresser au « grand oublié » de l’affaire Vincent Lambert, dont les intérêts vont enfin être pris en compte. L’intérêt d’être condamné à mort ? Oui, et c’est finalement l’intérêt du lobby de l’euthanasie et des loges qui veulent voir la nouvelle tyrannie de la culture de mort approuvée et consentie par la majorité.
 

Anne Dolhein