DRAME SOCIAL Les nuits blanches du facteur ♠


 
Les nuits blanches du facteur proposent a priori un spectacle dépaysant, même pour son pays d’origine, la Russie, en décrivant une petite communauté rurale isolée, mourante, au bord d’un lac et au milieu de profondes forêts, loin de tout, et même d’Arkhangelsk, la grande ville relativement proche, port sur la mer Blanche. Pourquoi, sur un tel sujet, ne pas avoir choisi un documentaire, en suivant le facteur dans ses tournées ? Il représente en effet un des derniers liens avec le monde de ces retraités isolés qui reçoivent leur pension par la poste. Le choix de la fiction ne convainc pas. Il ne se passe pas grand-chose. Le seul drame est le vol du moteur du bateau du facteur, qui le paralyse et l’écœure car le voleur est forcément une de ses connaissances. Un voisin complètement ivre est à un moment suspecté, sans autre preuve, d’avoir vendu le moteur volé avant d’avoir touché sa pension mensuelle permettant des achats massifs de vodka. Le facteur est aussi amoureux d’une mère-célibataire voisine, qui ne répond pas à son affection. Au moins s’occupe-t-il de son fils, ravi de ses escapades avec son « oncle ».
 

Les nuits blanches du facteur : un film d’un ennui sans grâce

 
Les nuits blanches du facteur comprennent de beaux passages, tels ceux peignant l’amitié entre le jeune garçon et le facteur qui lui fait décrire les beautés du lac et ses légendes mystérieuses. Par contre les villageois sont ivres la moitié du temps, spectacle sûrement réaliste mais assez triste. Une scène bizarre est impudique. La nostalgie commune du « bon vieux temps » de l’URSS de Brejnev constitue certes une réalité sociale encore indéniable mais agace le spectateur peu convaincu des vertus du communisme. La langue, chose sûrement vraie là encore, est néanmoins un russe fort peu littéraire, voire facilement grossier, ce que l’on ne saurait cautionner. Il y avait dans Les nuits blanches du facteur le potentiel pour tourner un documentaire ou même un beau petit film contemplatif et pourtant la réalisation donne l’impression d’avoir manqué son sujet. Un film d’un ennui sans grâce tout simplement.
 

Hector Jovien

 
 
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