Citizenfour film ♥
CINEMA DOCUMENTAIRE

 
Citizenfour, soit le quatrième citoyen, a été le nom de code du depuis célèbre Edward Snowden, agent sous-traitant, mais à haut niveau d’accès aux données secrètes, de la NSA –National Security Agency-, le service national d’espionnage et contre-espionnage des Etats-Unis, agence parallèle à la CIA. Le film se concentre sur sa rencontre à Hong-Kong, avec des journalistes militants, suite à des dialogues sur internet. Le fameux Snowden paraît plutôt sympathique, sincère, et indigné par ce qu’il a vu, à savoir l’espionnage systématique, aux Etats-Unis comme dans le monde, de centaines de millions d’usagers d’internet et des télécommunications en général. Soit bien plus que les quelques centaines de milliers au plus de suspects de terrorisme, la motivation initiale et seule avouée suivant le Patriotic Act de George Bush.
 

Citizenfour, juste, aride et effrayant

 
La parfaite continuité de cette politique d’espionnage systématique avec Barack Obama, en principe grand défenseur des droits civiques, est bien montrée, et le personnage défini comme hypocrite. D’anciens électeurs trahis règlent des comptes, ce qui se sent. Les journalistes militants sont très à gauche pour la plupart, donc on ne les suivra sur toutes leurs revendications, ou parfois leurs peu discrètes mœurs privées, mais sur cette thèse centrale de dénonciation du scandale de l’espionnage universel des internautes, y compris pour les messages les plus personnels, ils n’ont pas tort. Ce constat est assez effrayant. Au-delà des exemples américains et britanniques, évoqués dans le film, on se doutera de ce qui se passe en France.
 
Maintenant, si la thèse centrale semble juste, intéressante, le spectacle est-il réussi ? C’est là moins net. Pour suivre Citizenfour, il faut déjà un assez bon niveau en informatique, sous peine de ne rien comprendre. En outre, le dialogue en chambre, en position fixe ou quasiment, qui occupe pratiquement tout le film, reste un procédé fort aride.
 
Octave Thibault