Climat ou emploi ? Telle est la question posée par Carlos Ghosn, patron de Renault

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Le climat, c’est bien. Mais il y a des choses autrement plus importantes aujourd’hui. A savoir la compétitivité, les emplois, etc. C’est ce que vient d’expliquer Carlos Ghosn, le patron de Renault-Nissan, et président en exercice de l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA), au cours d’une conférence de presse qui clôturait l’assemblée générale annuelle de l’association, vendredi dernier.
 
« Alors que Paris et le monde se préparent pour la conférence COP21 sur le changement climatique mondial, nous devons nous assurer que des politiques ambitieuses sur le changement climatique n’entrent pas en conflit avec la nécessaire protection de l’emploi et de la croissance en Europe », a-t-il déclaré avec force, demandant que l’on recherche un « juste équilibre ».
 

Emploi ou climat ?

 
Cet appel sonne comme une pierre dans le jardin de François Hollande, alors même que le président de la République avait souffert d’un désintérêt manifeste de ses partenaires sur le même sujet lors du récent G7 en Allemagne.
 
Le dirigeant de l’ACEA a en particulier souligné sa préoccupation en ce qui concerne les attaques contre le diesel, affirmant que celui-ci était au contraire nécessaire pour atteindre les objectifs actuels et futurs qui sont imposés à la filière. D’autant que « les diesels modernes ont été encouragés par les autorités en Europe, en reconnaissant leur capacité à réduire davantage les émissions de CO2 que les moteurs à essence ».
 
L’ACEA a ajouté par ailleurs que les constructeurs automobiles ne peuvent répercuter par des hausses de prix l’ensemble des investissements nécessaires pour répondre au durcissement régulier des normes d’émission. Ce serait, en effet, enclencher un cycle infernal qui, de la baisse des ventes aux pertes d’emplois, toucherait toute la filière.
 
Or l’Union européenne a fixé aux constructeurs automobiles un objectif très strict : ramener à 95 grammes de CO2 par kilomètre les émissions moyennes par voiture à l’horizon 2021. En attendant la suite… Un but qui leur paraît d’autant plus délicat à atteindre que, l’an dernier, les émissions moyennes dans l’Union européenne sont ressorties à 123,4 grammes. « Trop ambitieux », ont-ils donc répondu. Et qui ferait peser des conséquences négatives sur la croissance et l’emploi.
 

L’inquiétude du patron de Renault, Carlos Ghosn

 
Et, a poursuivi Carlos Ghosn, « créer des handicaps de compétitivité pour l’industrie européenne sur le marché mondial » serait un risque d’autant plus injuste que « aucun autre secteur que l’automobile n’en a autant fait pour réduire les émissions de CO2 ces dernières années ». Tenu par le politiquement correct, il lui était impossible de poursuivre sa réflexion jusqu’à son terme logique : quelle est la raison de cette injustice ? Y aurait-il une volonté politique d’en finir avec la voiture individuelle, ce dont les écologistes ne se cachent d’ailleurs pas ?
 
Injuste, et important. Car, comme le rappelait le patron de Renault, l’industrie automobile européenne emploie « 12,1 millions de personnes, directement ou indirectement, soit plus d’un Européen actif sur vingt ».
 
Sans même revenir sur l’idéologie qui sous-tend ces gesticulations climatiques, cela vaut tout de même la peine d’y réfléchir…
 

François le Luc