La coalition « jamaïcaine » de Merkel : quelles répercussions pour l’industrie en Allemagne et pour l’euro ?

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Confronté au refus d’alliance du SPD allemand, le chancelier Angela Merkel devrait selon toute vraisemblance accepter une coalition avec les Libres démocrates du FDP et les Verts, avec d’importantes conséquences à la clef pour l’industrie allemande et pour l’intégration européenne qui sera plus difficile à faire avaler. Une coalition noire-vert-jaune – ce sont les couleurs du CDU de Merkel et de ses potentiels alliés mais aussi celles du drapeau jamaïcain – remettrait aux affaires d’un côté des thatchériens, de l’autre, les écologistes, pourtant à couteaux tirés. Les répercussions seront nombreuses et modifieront profondément le paysage politique allemand, selon Ambrose Evans-Pritchard du Telegraph de Londres.
 
Première exigence des Grünen – les Verts – la fermeture immédiate des 20 centrales à charbon allemandes les plus polluantes. Sans cela, ils ne rejoindront pas une alliance de gouvernement, ont-ils averti. La valeur de l’action de la société énergétique allemande RWE a perdu 5,9 % en un jour, lundi : les deux tiers de sa production proviennent du charbon, pour la plupart du lignite brun aux fortes émissions de CO2. Situation compliquée par la précipitation avec laquelle l’Allemagne a décidé de l’élimination progressive des centrales nucléaires dans la foulée de l’affaire de Fukushima.
 

La coalition jamaïcaine de Merkel fait courir des risques à l’industrie en Allemagne

 
Les Verts vont plus loin puisqu’ils veulent la fermeture totale des centrales à charbon d’ici à 2030, une taxation fortement accrue des émissions de carbone, et la mise en place d’énergies renouvelables pour répondre à 100 % des demandes de l’Allemagne d’ici à 2050. C’est ce qu’a fait savoir le leader des Verts, Cem Ozdemir qui qualifie de « scandale » l’augmentation continue des émissions de CO2 au cours de ces huit dernières années en Allemagne.
 
Les Verts veulent carrément – à la manière de Nicolas Hulot – interdire la vente de moteur à combustion interne d’ici à 2030 en Allemagne, seul moyen selon eux de sauver l’industrie automobile allemande qui représente à elle seule 14 % du PIB. Sans surprise, Matthias Wissman, représentant du groupement d’intérêt de ladite industrie, a qualifié ces exigences d’« absurdes » et ce d’autant qu’elles ne tiennent aucun compte de l’existence d’avancées notables en matière de carburants synthétiques dont les émissions de CO2 sont voisines de zéro.
 

Les Verts sont de bons européistes, puisqu’ils souscrivent à la lutte contre le « réchauffement » – quel qu’en soit le prix

 
Mais ce qui compte, ce n’est pas la réalité, toute l’histoire du « réchauffement » climatique le démontre suffisamment.
 
En attendant, si les propositions des Verts devaient prospérer, 600.000 emplois seraient dans la balance : une plaisanterie que Mme Merkel ne peut se permettre et dont le FDP ne veut à aucun prix, opposé qu’il est aux subventions pour les énergies renouvelables. Les Libres démocrates demandent qu’on revienne à la loi du marché, seul moyen selon eux d’empêcher les industries fortement consommatrices d’énergie de délocaliser leur production.
 

L’intégration de la zone euro ? En Allemagne, le FDP est contre

 
Selon Ambrose Evans-Pritchard, Angela Merkel ne pourra négocier un accord qu’en lâchant du lest en direction du FDP sur le plan européen : à sa droite, le parti thatchérien ne veut à aucun prix d’un trésor commun à la zone euro et il ne conçoit l’annulation des dettes de la Grèce qu’à la condition de voir que celle-ci quitter le groupe de la monnaie unique.
 
Face à Macron qui veut accélérer le pas, l’affaiblissement certes relatif du parti d’Angela Merkel permettra semble-t-il au moins d’éviter les abandons de souveraineté les plus spectaculaires. Le virage à droite de la politique incite les uns et les autres à droitiser leur discours, tels les Bavarois du CSU qui parlent déjà de couper les liens avec le CDU pour avoir les coudées franches et affûter leur discours.
 

Anne Dolhein