En Colombie, un referendum sur un accord de paix avec les FARC se dessine

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Depuis son arrivée au pouvoir il y a cinq ans, le président colombien Juan Manuel Santos a manifesté son ambition de venir à bout de la guérilla qui est, avec la drogue, l’un des principaux fléaux dont souffre son pays. Il y a ainsi près de trois ans que son gouvernement mène des pourparlers de paix avec les FARC, le principal mouvement communiste de la guérilla en Colombie. Et le mois dernier, il a proposé qu’une trêve bilatérale, par l’intermédiaire d’un accord de paix qui ferait l’objet d’un referendum, débute le 1er janvier prochain.
 
Fin octobre, le président Santos proposait précisément un « cessez-le-feu bilatéral et qui fasse l’objet d’un contrôle international à partir du 1er janvier », afin de mettre fin à plus de cinquante ans de conflit armé.
 

En Colombie, un referendum sur la paix

 
Lors d’une allocution télévisée depuis le palais présidentiel Casa de Nariño à Bogota, le chef de l’Etat a, pour justifier cette décision, affirmé que les négociations progressaient vers la « fin du conflit ». Les deux parties se sont même engagées à signer un accord définitif de paix d’ici le 23 mars. Le cessez-le-feu annoncé le 20 juillet dernier par les FARC – qui comptent encore près de 7.000 combattants – semble avoir valeur de garantie.
 
De son côté, le gouvernement a suspendu les bombardements aériens des campements rebelles, sans toutefois supprimer ses actions au sol, annonçant récemment la mort de quatre guérilleros des FARC lors d’une de ses récentes opérations.
 
Le 18 novembre dernier, c’était au tour du Parlement de débattre, pour la première fois, d’un possible referendum sur cette offre de paix. Cette consultation populaire doit en effet permettre aux Colombiens de se prononcer sur un futur accord entre le gouvernement et les FARC.
 
Parmi les modalités sur lesquelles les parlementaires semblent s’être mis d’accord, le quotidien El Tiempo rapporte les suivantes : « Le texte de l’accord de paix doit être publié trente jours avant la consultation. Il faudra au moins 13 % des voix des inscrits sur les listes électorales pour le oui ou pour le non afin que la consultation soit valide. » Une décision que son confrère El Espectador n’hésite pas à qualifier de « premier pas historique ».
 

Un accord délicat avec les FARC

 
En attendant la décision populaire, le président Santos continue de manifester des signes de bonne volonté en faveur de la paix civile. Dimanche, il a ainsi annoncé son intention de gracier trente membres des FARC. Un geste présenté comme nécessaire à l’établissement d’un climat de confiance, et qui ne concernera, a précisé le président, que des guérilleros incarcérés pour délit de rébellion, mais n’ayant fait l’objet d’aucune condamnation pour crime.
 
L’ensemble de la droite n’est pourtant pas favorable à ce processus. Les proches de l’ancien président Alvaro Uribe, dont Juan Manuel Santos fut pourtant le ministre de la Défense nationale, estiment, malgré les signes de bonne volonté donnés par la guérilla, qu’il est en train de se faire manipuler par les FARC.
 
De son côté, l’Eglise colombienne manifeste quelque inquiétude. Mgr Luis Augusto Castro Quiroga, président de la Conférence épiscopale de Colombie et archevêque de Tunja, a donc demandé des éclaircissements sur ce referendum proposé par le gouvernement Santos, à propos des rapports avec la guérilla des FARC, soulignant l’importance attachée par la hiérarchie catholique à l’accompagnement des victimes et au contexte culturel et social dans le cadre de l’après-guerre civile.
 
« J’espère, a déclaré Mgr Castro Quiroga, que quelqu’un nous expliquera de quoi traite ce plébiscite et précisera le contexte des plus de trente points cités pour comprendre non seulement le référendum mais aussi d’autres aspects importants : expliquer si le referendum est ou non constitutionnel, et si les normes de la justice internationale sont respectés. »
 
L’archevêque a insisté sur l’importance de la structure du processus de paix : « Elle doit être bien fondée, sur des bases solides. Rien ne doit être négligé parce que si manque par exemple une colonne, tout peut s’écrouler. »
 
Pour le président colombien, la partie est donc délicate. Il lui faut certes obtenir la paix, mais à des conditions qui n’insultent pas les Colombiens.
 
Les FARC joueront-elles le jeu jusqu’au bout ? C’est la grande question. Et la guérilla donne parfois l’impression de jouer avec les nerfs de ses interlocuteurs. Dimanche, depuis La Havane, le chef des FARC, « Timochenko » Rodrigo Londoño Echeverri, a déclaré, lui, que le temps n’était pas un problème…
 

François le Luc