COMEDIE/DRAME HISTORIQUE La mort de Staline ♥♥♥


 
La mort de Staline est une comédie d’humour très noir, qui suit de près les faits réels, les circonstances de l’agonie, du décès, et des funérailles du dictateur de l’URSS en mars 1953. Pendant ce temps se déroule une rapide guerre de succession. Le mode d’expression de cette comédie est celui de la farce, avec un humour très noir. Il ne plaira donc pas à tout le monde. Mais, à titre personnel, nous avons trouvé le film particulièrement réussi. Il y a une dimension de châtiment, dès ce monde, dans les derniers instants de Staline, paralysé, baignant dans son urine. Le film propose une juste et réjouissante satire du communisme, plaisir trop rare sur les écrans français. Le système communiste en général est monstrueux et indéfendable ; et ses dirigeants sont aussi meurtriers qu’humainement lamentables ; légèrement forcés, les personnages de La mort de Staline restent très près des réalités historiques. La seule entorse significative à l’Histoire est l’anecdote du concert rejoué, pour être enregistré en urgence, sur un dernier caprice du dictateur : cet épisode, authentique, est antérieur d’une quinzaine d’années.
 
Significativement dans les pays mal ou pas décommunisé, comme la Russie et la France, le film a reçu un accueil très négatif des critiques installés, et même des ministres à Moscou. Le film n’a pas été interdit au sens strict en Russie, mais il n’a pas trouvé de distributeur ; il finira par sortir dans une ou deux salles à Moscou, de façon très confidentielle…En France, le film est significativement trop peu distribué, même s’il est de fait moins censuré que les films chrétiens.
 

La mort de Staline, une vraie réussite

 
Staline s’effondre, seul dans sa vaste chambre, un soir. Les sentinelles, devant la porte, entendent un grand bruit. Mais elles ne bougent pas… Cette scène, véridique, en dit beaucoup sur la paralysie de toute initiative sous la terreur stalinienne. Le dictateur finit par en être victime lui-même. La vieille cuisinière, elle, force la porte le matin avec le petit-déjeuner, et découvre le dictateur gisant paralysé. Il est donc urgent de prévenir le chef de la police politique, Béria. Béria (Simon Russel Beale) estime que Staline ne s’en sortira pas. Il convoque pour le principe des médecins, de toute façon bien trop tard. Les compétents ont tous été envoyés au goulag peu de temps auparavant, suite au prétendu « Complot des blouses blanches ». Béria est le seul intellectuellement doué de l’équipe gouvernementale, et brigue peu discrètement la succession. Mais il a des concurrents, le ministre Khrouchtchev (Steve Buscemi, remarquable), qui sous couvert de légalité soviétique et collégialité développe des ambitions inattendues, et le maréchal Joukov (Jason Isaacs), héros de la deuxième guerre mondiale, qui se verrait bien dictateur militaire. Contre toute attente, l’habile Béria joue très mal la partie, fait peur à tout le monde à contretemps, et le grossier Khrouchtchev se montre, pour une fois, habile.
 
Dans son genre particulier, La mort de Staline est une vraie réussite.
 

Hector JOVIEN