Comme le vent (Come il vento) : ♥
Cinéma

Comme le vent

FILM CARCERAL

« Comme le vent » rend hommage à une héroïne nationale italienne contemporaine, Armida Miserere, une des premières directrices de prison de ce pays, dont le compagnon a été assassiné par la mafia, et qui s’est suicidée quelques années plus tard à cause de ce drame.

Le film échappe résolument à l’hagiographie, il montre bien le décalage entre l’idéal de service public, très développé chez le personnage, et un relativisme moral personnel flagrant dans ses amours, doublé au mieux d’une grande indifférence à la Religion. L’absence de toute spiritualité peut contribuer à expliquer le drame psychologique final, et crée un manque qui met parfois mal à l’aise.

« Comme le vent » présente un grand intérêt sociologique, parce qu’il met en lumière le décalage de plus en plus net de cette première gauche autoritaire, proche du communisme, ce dont on ne la félicitera pas, et la pensée dominant aujourd’hui – et dès les années 1980 – de la deuxième gauche, anarchisante.

Celle-ci en vient gratuitement dans la presse à accuser une directrice des plus scrupuleuses –à la limite de l’irréalisme parfois face à des détenus violents – de torturer les prisonniers. Les discours d’Armida Miserere, interprétée avec conviction par Valeria Golino, sonnent juste. Ils rappellent que la prison est d’abord faite pour punir les délinquants, quitte à humaniser autant que possible la détention et préparer la réinsertion.

La mise en scène souffre parfois de tentatives esthétisantes alors que le sujet s’y prête peu, ou dans l’autre sens de crudités excessives, dans les nudités, certes peu présentes, mais dont on se dispenserait néanmoins, ou dans une scène plus que suggérée de fausse-couche sanguinolente.

Globalement, « Comme le vent » demeure intéressant, par les réalités qu’il montre, en particulier l’univers des prisons italiennes et celui de ses personnels, au cœur du sujet.