COMEDIE Comme un avion ♠


 
Comme un avion est une comédie française. Aujourd’hui ce seul énoncé a quelque chose d’inquiétant. Le spectateur honnête craint de ne jamais rire, ou très rarement, et d’être confronté à des obscénités à n’en plus finir… C’est le cas ici. Pourtant le scénario paraissait sympathique, voire un peu drôle : un employé, rêveur, admirateur des pionniers de l’aviation des années 1920, en particulier de Jean Mermoz et l’Aérospatiale, se prend de passion pour le kayak. Il construit son propre esquif, préfabriqué, sur son toit puis se lance à l’aventure, si l’on ose dire, sur les rivières d’Ile-de-France. En fait, il existe en effet un lien vague, ténu, entre la structure légère et profilée du kayak et les avions du début du vingtième siècle.
 

Comme un avion

 
Durant une vingtaine de minutes, le film fonctionne sur cette intrigue. Soit à la matière d’un court métrage, sympathique et onirique, qui amuse quelque peu. Puis le récit dérape, malgré un travail sur le scénario. L’apprenti kayakiste s’épuise vite et échoue dans une auberge, au bord de l’eau. Il sympathise avec la tenancière et des originaux hantant les lieux qui tendent vers le débile léger. On ne rit pas à l’exposition de leur possible handicap. Il essaie plusieurs fois de quitter les lieux, sans y réussir vraiment, suivant un lourd et prévisible comique de répétition qui ne fonctionne pas. Il se roule dans l’herbe, se saoule à l’absinthe du matin au soir et fornique intensivement avec l’aubergiste, veuve quinquagénaire peu farouche, durant ses rares moments de lucidité, si l’on ose dire. Si le spectacle ne sombre pas complètement dans la pornographie, de très longues minutes sont consacrés aux jeux érotiques préliminaires à l’accouplement. Pendant ce temps, la femme du kayakiste le trompe aussi avec leur meilleur ami. L’antimorale serait-elle sauve ? Tout ceci écœure le spectateur attaché à la morale élémentaire et au minimum de pudeur au cinéma.
 
Comme un avion, contrairement aux conseils enthousiastes des critiques désinformateurs tous dithyrambiques, est typiquement le spectacle à fuir absolument.
 

Hector Jovien