Communication/Subversion :
En voie de hollandisation, Macron joue à De Gaulle et parle du destin de la France

Communication Subversion Hollandisation Macron Gaulle Destin France
 
Macron dégringole dans les sondages et les médias commencent à le critiquer. Pour éviter une hollandisation instantanée, il a choisi une posture à la De Gaulle en évoquant le « destin de la France ». Derrière le coup de communication se dessine, visible comme le nez au milieu de la figure, une entreprise de subversion.
 
L’information ne vaut pas un long papier mais ne saurait non plus se traiter d’une simple phrase ironique : en voyage en Roumanie où il tentait de convaincre les autorités d’accepter une réforme du statut européen de travailleur détaché, Emmanuel Macron a commencé une révolution de sa communication, en même temps qu’il annonçait ce qu’allait être sa politique pour la France pendant son quinquennat.
 

Macron menacé de hollandisation express

 
Président le plus mal élu de la cinquième république, Emmanuel Macron est le produit d’un coup d’état moral appuyé par les grands médias avec le consentement des partis. Son succès, purement virtuel, se heurte aujourd’hui à la réalité. Elle est terrible pour le protégé de maman Brijou. C’est la hollandisation express. Une chute vertigineuse dans les sondages qui l’avaient fait roi, le coût de sa maquilleuse révélé au public (26.000 euros en trois mois, mieux que le coiffeur de Hollande), ses maigres réformes sociales et fiscales promises à un automne chaud, son impuissance diplomatique enfin étalée aux yeux de tous. Autoproclamé VRP de l’Union européenne, il a fait une tournée de l’Europe centrale pour convaincre ses dirigeants d’accepter une réforme du statut du travailleur détaché et s’est pris un râteau monumental. Juste avant mai 68, De Gaulle avait été reçu en Roumanie par Ceausescu. La France y gardait alors une grande influence. Le fiasco de Macron manifeste que c’est fini. Jupiter au charbon s’est planté.
 

Pour masquer son échec il invoque le destin de la France

Pour masquer cet échec personnel, pour éviter la hollandisation, il a décidé avec son équipe de communication, d’en sortir « par le haut ». C’est-à-dire par une généralité qui reporte la responsabilité de l’échec sur les autres. De Gaulle traitait les Français de « veaux », Macron affirme que « La France n’est pas un pays réformable ». Beaucoup ont essayé, et n’y ont pas réussi, car les Français détestent les réformes.
 
Cette fuite mériterait à peine un sourire si la situation du pays n’était si mauvaise. La France subit une invasion ornée d’attentats terroristes, couplée à un hiver démographique, un enfer fiscal, une pléthore de dettes et de chômage, un désert spirituel, une inversion morale. C’est dans ce naufrage qu’un électorat moutonnier manipulé par le système a « fait le choix en peu fou d’un mouvement politique nouveau, d’une personnalité politique qui n’existait pas dans leur quotidien depuis longtemps », pour reprendre les propres mots de Macron. Ils attendaient un vrai changement, une poigne, ils n’ont eu qu’un pantin en voie de hollandisation rapide, et cette déstabilisation quasi instantanée ajoute aux malheurs du pays. De vieux vautours sur le retour tournoient déjà dans le ciel au-dessus du futur cadavre de Macron. Hollande et Bayrou, pitoyables faillis, ouvrent le tir sur le président affaibli. Dans les tontons flingueurs, je pioche les frères Volfoni.
 

Communication erratique, subversion continue

 
Pour échapper à la hollandisation, Macron a décidé de révolutionner sa communication. Il prétendait jusqu’à présent à une stature présidentielle, à l’opposé de ses prédécesseurs immédiats, le président bling-bling et le président normal. Ce n’était pas mal : il se faisait rare, ne commentait pas la politique intérieure à l’étranger, ne faisait pas sa pipelette auprès de journalistes choisis. Il a abandonné tout cela à Bucarest, d’un coup. Après nous l’avoir joué olympien, il se transforme en une espèce de concierge qui se prend pour Talleyrand, comme son mentor Hollande.
 
Mais le plus important, et le plus grave, n’est pas dans le changement de communication, il se trouve dans la continuité de la subversion. Je m’explique : Macron a été coopté par le système pour continuer la politique du système, que François Hollande mettait parfaitement en œuvre – au point d’être élu homme d’Etat de l’année, très sérieusement, quoiqu’en pensent les observateurs pressés. Il a été fabriqué pour être un super Hollande, un Hollande à paillettes, qui réussisse à faire un peu rêver le populo. Avec la hollandisation en cours, ce volet du programme a un peu du plomb dans l’aile, mais la politique du système, elle, doit continuer vaille que vaille.
 

Mégalo comme De Gaulle, mondialiste comme Hollande

 
Emmanuel Macron, commis à l’appliquer, l’annonce sans ambiguïté, avec le pathos qu’il affectionne. Il appelle la France à « se transformer en profondeur pour retrouver le destin qui est le sien, emmener l’Europe vers de nouveaux projets, porter l’universalisme. Ca c’est le combat qui fait rêver les Français. (…) C’est la raison de l’histoire profonde. Nous allons réussir, dans les années qui viennent, à porter la voix du monde libre ». Tel est « l’agenda » qu’Emmanuel Macron a défini pour son quinquennat.
 
C’est court mais chaque mot compte. Macron semble enfourcher un cheval blanc pour « retrouver le destin » de la France et « faire rêver les Français ». Mais c’est une subversion totale du destin national qu’il promet. Il va le fondre dans « l’Europe » de Bruxelles. Et « porter » l’idéologie mondialiste : « l’universalisme » auquel il invite n’est pas l’universalisme catholique, c’est « le monde libre ». Ce vocabulaire hérité de la guerre froide est une resucée de l’axe du bien. Macron prétend ainsi, avec une mégalomanie imitée de De Gaulle, s’opposer à Poutine et remplacer Trump. Pauvres de nous : il ne suffit pas de rêver de grandeur pour accomplir le destin de la France, il est nécessaire de le connaître, et pour cela de ne pas le confondre avec la république universelle.
 

Pauline Mille