La troisième Conférence internationale sur Internet se tiendra en Chine du 16 au 18 novembre

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Jack Ma, fondateur d’Alibaba, géant chinois du e-commerce.

 
Distincte de la World Wide Web Conference qui se tient tous les ans dans différents pays du monde, la Conférence mondiale sur Internet organisée par la Chine est un événement chinois, qui en est à sa troisième édition. Elle se déroulera du 16 au 18 novembre à Wuzhen. Evénement chinois, mais international néanmoins : si les responsables des grands sites chinois participent volontiers, sous l’œil vigilant des autorités, des personnalités internationales font aussi de déplacement.
 
Parmi les invités cette année, on comptera donc l’ancien premier ministre de la France, Dominique de Villepin, son homologue australien Bob Hawke, l’un des directeurs exécutifs de GSM, John Hoffman, un prix Nobel d’économie, Thomas J. Sargent… Autant dire que l’un des pays les plus répressifs du monde en matière de communication sur le réseau mondial, expert dans l’art de bloquer les accès et de poursuivre les dissidents qui s’y expriment quand même, reçoit par cette présence une sorte de consécration.
 

La troisième Conférence internationale sur Internet marque la volonté de la Chine de dominer le réseau mondial

 
Mais pourrait-il en être autrement, alors que le secrétaire général de l’Union international des télécommunications, agence spécialisée de l’ONU, n’est autre que Houlin Zhao, ancien haut fonctionnaire au ministère chinois des postes et des télécommunications ? Un homme du parti, rompu à la « gouvernance » communiste…
 
L’objectif de la 3ème conférence mondiale (chinoise) sur l’Internet est de parler de l’avenir de l’économie digitale, avec une focalisation toute particulière sur le leadership chinois sur la mise à jour de la politique d’Internet. La Chine cherche ostensiblement à jouer un rôle de premier plan dans la régulation internationale d’Internet, alors que les États-Unis viennent d’abandonner leur hégémonie en ce domaine aux institutions internationales.
 
L’an dernier, le président Xi Jinping avait fait le déplacement. Cette fois, il s’adressera aux participants par vidéo message, a indiqué le principal organisateur de la conférence, la Cyberspace Administration of China (CAC).
 

Du 16 au 18 novembre, la Chine parle d’Internet avec les poids lourds… et Dominique de Villepin

A défaut de la présence physique du président de la Chine, les participants bénéficieront de celle de Liu Yunshan, membre du comité permanent du bureau politique du comité central du Parti communiste chinois (sic) qui parlera des innovations en cours sur Internet.
 
Le comité central du PC chinois entend en effet améliorer la position de la Chine dans le domaine de l’informatique de haute performance, des communications mobiles et d’autres domaines liés aux nouvelles technologiques, comme il l’a annoncé en octobre. La Chine ne cache pas sa volonté d’utiliser Internet, qu’elle considère comme un moteur clé de la croissance mondiale future, en jouant un rôle de premier plan dans l’innovation… sous haute surveillance.
 
La conférence donnera à divers acteurs économiques chinois la possibilité de présenter leurs nouveaux produits, telles les voitures « intelligentes » de Baidu qui sont capables d’analyser le flux du trafic et de contrôler les manœuvres de manière automatique. La Chine se jette elle aussi dans le grand marché de l’intelligence artificielle.
 

Troisième Conférence internationale de la censure sur Internet

 
Pour ce qui est de la gouvernance du cyberespace, une place particulière sera laissée au géants du commerce en ligne tel le chinois Alibaba, ceux qui en Chine viennent d’accepter la présence de représentants du pouvoir, et donc du parti communiste, au sein de leurs entreprises pour contrôler leur activité. Mais il y aura aussi des représentants de LinkedIn, de Qualcomm, de Microsoft et de Nokia, pour n’en nommer que quelques-uns.
 
Le choix de la ville de Wuzhen n’est pas fortuit pour l’organisation de ces conférences. Ville historique, la Venise chinoise est en pointe pour ce qui est de la « connectivité ». On peut y faire surveiller sa santé en ligne et même consulter le médecin sans quitter son domicile, par écran interposé.
 
Bref, accéder aux avantages techniques qu’offre l’activité en ligne, mais toujours sous l’œil vigilant de Big Brother. Les grands de ce monde n’en ont même pas peur.
 

Anne Dolhein