Le Conseil de sécurité de l’ONU : réunion « historique » sur les droits LGBT et les persécutions de l’Etat islamique

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C’est à la demande des ministères des Affaires étrangères du Chili et des Etats-Unis que le Conseil de sécurité a tenu une réunion informelle, lundi, pour écouter les témoignages de deux homosexuels originaires de Syrie et de l’Irak sur les persécutions de l’Etat islamique à l’encontre des LGBT. Réunion « historique », selon Samantha Powers, ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU : « C’est la première fois que nous disons, d’une même voix, qu’il est mal de cibler des personnes en raison de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre. C’est une étape historique. Un étape que nous n’avons que trop tardé à franchir. »
 
Subhi Nahas, témoignant des vidéos qu’il a vues d’hommes homosexuels, est venu en personne expliquer qu’il avait été menacé à la fois par l’Etat islamique et par al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaeda qui a pris le contrôle de sa ville il y a trois ans. Il a vécu avec la peur au ventre après avoir vu les vidéos de tortures infligées par Daech à des hommes gays, tués de manière barbare. Nahas s’est caché chez lui avant de trouver un moyen de se faire exfiltrer : « Si je n’étais pas sorti, je serais mort à l’heure qu’il est », a-t-il déclaré. Il a plaidé pour que le Conseil de sécurité reconnaisse l’existence de ces persécutions et donne aux personnes LGBT un statut qui leur permette d’être automatiquement accueillis dans les pays membres.
 

Le Conseil de sécurité de l’ONU se mobilise contre les persécutions des LGBT

 
Un autre homme homosexuel, irakien, est intervenu à la réunion par téléphone sous la protection d’un pseudonyme depuis un lieu du Proche-Orient tenu secret, racontant sa peur panique d’être pris alors que les LGBT sont traqués « systématiquement » : il affirme avoir été lui-même victime de brutalités de la part des forces armées.
 
Jessica Stern, directrice de la Commission internationale des droits des gays et lesbiennes accréditée auprès de l’ONU, a expliqué pour sa part que s’il était urgent que le Conseil de sécurité s’organise pour empêcher ce type de violences, qui reposent sur un « continuum » de discrimination « avant, pendant et après le conflit ». Les LGBT d’Irak et de Syrie, a-t-elle déclaré, ont été persécutés, y compris au sein de leurs propres familles, bien avant la montée de l’Etat islamique.
 
C’est dans cette même logique dénonçant plus généralement la violence et la discrimination contre les LGBT que Susan Powers, abondant dans le sens de Stern, a déclaré : « Les efforts en vue de défendre l’égalité de droits des LGBT doivent être menés dans chacun de nos pays, même ceux où d’importants progrès ont été enregistrés – y compris les Etats-Unis. Alors même que nous avons accompli cette année des pas formidables pour faire avancer les droits LGBT aux Etats-Unis, nous ne nous illusionnons pas : le travail n’est pas fini. Chacun de nos pays peut et doit faire davantage pour faire avancer ces droits sur le plan domestique. »
 

L’Etat islamique n’est pas le seul « méchant » de la réunion historique de l’ONU en faveur des droits des LGBT

 
Ici se dessine la réalité des objectifs des défenseurs de LGBT. Il ne s’agit pas simplement de la légitime dénonciation de traitements inhumains à l’égard d’une catégorie de personnes, mais de l’assimilation de ces traitements et tortures condamnables, au titre de l’injustice ordinaire, à la « discrimination » en tant que telle, conçue comme un traitement « inégalitaire ». C’est précisément sur la base de ce raisonnement que l’on fait la promotion du « mariage » et de l’adoption au bénéfice des couples de même sexe ». Et c’est dans ce sens qu’on veut orienter le travail de l’ONU.
 
La réunion du Conseil de sécurité – une réunion dite « Arria », non obligatoire, informelle et à huis clos destinée à permettre aux participants de discuter très librement de sujets importants – a rassemblé les représentants de 13 sur les 15 membres de l’organe de l’ONU. Seuls l’Angola et le Tchad ont refusé de participer. Mais la Russie, la Chine, la Malaysie et le Nigeria, quoique présents, n’ont pas pris la parole.
 

Anne Dolhein